Dix pistes pour cartographier les fournisseurs

Le risque de défaillance d’un fournisseur est bien réel, d’autant plus que la crise sanitaire a fragilisé de nombreuses entreprises de technologies, en particulier des ESN qui ont souffert de la baisse de la demande de leurs clients. Créer un référentiel solide, évaluer le degré de dépendance, anticiper les risques de faillite font partie des mesures utiles pour limiter les risques.

En 2020, les défaillances d’entreprises ont été au plus bas depuis trente ans, mais cela risque de ne pas durer. L’an dernier, en France, 617 ESN et éditeurs de logiciels ont été victimes soit d’une procédure de sauvegarde, d’un redressement ou d’une liquidation judiciaire, selon Altares (*). C’est 27,5 % de moins qu’en 2019, mais cela représente tout de même près de deux par jour. Si le phénomène accuse un reflux, les conséquences sur les clients de ces entreprises sont significatives : logiciels qui ne sont plus maintenus, perte de code-source, pénurie de compétences, projets qui ne sont pas terminés, surcoût pour organiser de nouveaux appels d’offres…

Le risque est toujours présent et on ne peut préjuger de ce qui va arriver en 2021. L’un des moyens de se prémunir consiste à cartographier ses fournisseurs de manière à anticiper les défaillances, soit pour limiter les dégâts, soit pour ne pas signer avec un prestataire trop fragile et qui a une probabilité forte de disparaître en quelques mois… voire en quelques semaines. Car cela peut aller très vite. N’oublions pas que les impayés et le manque de cash constituent la première cause de défaillance des entreprises et il peut y avoir des réactions en chaîne. Une approche de cartographie des fournisseurs concerne trois domaines : les sources d’informations sur les fournisseurs, le traitement de ces informations, la compréhension du contexte et des tendances.

  1. Créer un référentiel : cela évite une dissémination des informations hétérogènes sur les fournisseurs stockées dans de multiples fichiers et entités.
  2. Faire « parler » les informations, notamment pour identifier tous les éléments manquants.
  3. Enrichir les informations avec des sources internes et externes, de manière à disposer de toutes les informations de base sur les fournisseurs (n° Siren, chiffre d’affaires, localisation, contacts…).
  4. Vérifier la qualité des informations : beaucoup de données sont disponibles mais mal saisies, plus à jour, mal orthographiées… Un chantier de qualité de données est relativement lourd à mener, mais il est indispensable.
  5. Mesurer le degré de dépendance à l’égard des fournisseurs, avec la part du chiffre d’affaires réalisé par rapport au CA total : si le ratio est trop élevé (30 à 50 %), le prestataire est en situation de risque, car il n’a pas de portefeuille client suffisamment étoffé.
  6. Identifier le degré de pérennité des fournisseurs : c’est l’intérêt d’une analyse financière qui porte sur l’évolution des ratios clés (endettement, procédure de sauvegarde, risque de cessation de paiements, impayés pour les dettes sociales…).
  7. Identifier les liens capitalistiques : l’intérêt est surtout de repérer les montages complexes et de pouvoir négocier des accords cadre, plus avantageux financièrement.
  8. Rationaliser le nombre de fournisseurs : la cartographie permet de se rendre compte de certaines redondances, par exemple, lorsque plusieurs filiales font appel à des prestataires différents pour répondre à un même besoin. C’est également l’occasion de rompre les liens avec des fournisseurs en situation de risque de défaillance, avant qu’il ne soit trop tard.
  9. Analyser les roadmaps des fournisseurs stratégiques : ce n’est certes pas une garantie de pérennité, mais un éditeur sans roadmap est probablement en situation de risque, face à des concurrents qui peuvent capter ses parts de marché.
  10. Analyser les retours d’expériences d’autres clients : cette source d’informations participe au recueil de signaux faibles, la non-satisfaction des clients fragilise un prestataire à plus ou moins long terme. N’oublions pas que lorsque les clients fuient, la trésorerie des fournisseurs s’assèche et l’on retrouve la première cause de défaillance d’entreprises…

(*) Etude de défaillances et sauvegardes des entreprises en France, Bilan 2020.


Qu’est-ce qu’une défaillance d’entreprise ?

La défaillance d’entreprise correspond à l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire directe auprès d’un tribunal de commerce ou de grande instance. Cette procédure intervient lorsque le débiteur est en cessation de paiements, c’est à dire lorsqu’il est dans l’impossibilité de faire face au passif exigible avec l’actif disponible.

Source : Altarès