Selon l’organisation internationale du travail (OIT), près de 50 % des emplois dans le monde nécessiteront des savoir-faire allant de la maîtrise de l’intelligence artificielle à la data science en passant par la cybersécurité et le cloud computing. Mais ce socle de compétences, a priori fondamental de la part des employeurs, se perçoit-il déjà dans le marché du travail français ? Rien n’est moins sûr.
En effet, si de nombreux employeurs continuent de valoriser des compétences IT très basiques, qui demeurent essentielles au développement du capital humain en Europe, qu’en est-il de la valorisation des compétences plus poussées ? Indeed tente de répondre à cette question dans le cadre de sa dernière analyse réalisée par son institut de recherche économique : Hiring Lab.
Les compétences informatiques “de base” restent un prérequis fort
En examinant les compétences les plus couramment mentionnées dans les offres d’emploi en France, nombre d’entre elles s’avèrent être des savoirs-faires non techniques, notamment la maîtrise de l’anglais, le sens du service client, ou le sens de l’organisation.
Cependant, les compétences techniques élémentaires, telles que la capacité à utiliser un ordinateur et des logiciels courants, sont assez largement répertoriées (dans près de 8% des annonces).
La maîtrise du pack Office est même exigée dans plus d’une annonce sur vingt. 13% des annonces requièrent donc des compétences numériques de base.
L’aptitude à maîtriser, ne serait-ce que superficiellement, des outils informatiques de base est donc encore une récurrence dans les offres d’emploi en France, preuve qu’elle doit souvent manquer chez les différents candidats rencontrés.
Pourtant, elle demeure essentielle : les recruteurs sont de plus en plus réceptifs aux compétences techniques spécifiques.
En France, depuis cinq ans, la demande de maîtrise de compétences numériques spécifiques a nettement crû dans les secteurs suivants : les services juridiques (+8,1%), la comptabilité (+5,2%), la banque et la finance (+4,1%), ou encore dans les RH (+3,4%)
Dans ce contexte, quid des compétences plus poussées ? Certes, certains postes réclament plusieurs compétences techniques avancées. En prenant une définition plus large des compétences techniques, incluant des compétences plus avancées dans des catégories telles que les bases de données, le développement informatique, les réseaux, les systèmes d’exploitation, les langages de programmation et frameworks, les catégories technologiques et d’ingénierie ont tendance à mentionner plusieurs de ces compétences dans une seule offre.
Les offres de développement informatique en France mentionnent généralement près de cinq compétences techniques.
Les offres en support informatique / administration système et réseaux en mentionnent en moyenne une ou deux, tout comme les offres dans les mathématiques et les statistiques.
Mais ces postes sont de plus en plus rares ! Or, la demande de travail a fortement ralenti au cours des dernières années pour les professions les plus techniques.
En France, les offres d’emploi dans le segment très technique, qui inclut les professions nécessitant en moyenne plus d’une compétence technique par offre (comme le développement informatique, l’ingénierie industrielle et la recherche et développement scientifique), ont chuté de 4% par rapport à leur niveau de référence avant la pandémie.
En revanche, les segments faiblement et moyennement techniques (comprenant les professions dont les offres incluent généralement au plus une seule compétence technique) sont respectivement en hausse de 59 % et 20 % par rapport à leur niveau d’avant la pandémie.
Alors que la transformation numérique s’intensifie, la France semble osciller entre des attentes encore focalisées sur des compétences informatiques de base et une (très) lente adoption des savoir-faire techniques plus avancés.