Endiguer la fuite des talents dans les DSI du secteur financier

Pour endiguer la fuite des talents et optimiser leur capital humain, les directions générales du secteur financier doivent inciter leurs DSI à développer la mobilité des compétences informatiques vers les métiers de la banque. Le virage de la DSI du secteur financier, davantage vers un rôle d’intégrateur de services informatiques et moins d’opérateur, va avoir un impact majeur sur les emplois et les compétences requises jusqu’en 2013. Le cabinet de conseil TnP Consultants a dressé un état des lieux.

En quelques années à peine, un nombre élevé de technologies se sont imposées dans le quotidien des individus comme dans celui des entreprises : cloud computing, Web 2.0, réseaux sociaux, smartphones et technologies de la mobilité… Pour répondre aux attentes des clients, les DSI des grandes entreprises doivent rapidement intégrer ces technologies et développer des produits adaptés aux nouveaux usages.

Pour rester dans la course, les DSI ne doivent pas seulement investir dans de nouveaux outils ou partenariats. Elles doivent surtout s’armer d’équipes capables de tirer le maximum des technologies pour imaginer des produits à la fois innovants et performants. Face à l’évolution conjointe des technologies et à la mondialisation des métiers informatiques entre Paris, le Maroc ou Mumbai, TnP Consultants et Best Practices Research se sont associés pour évaluer l’évolution des métiers et des compétences SI de demain.

Comment repérer les profils les plus demandés ?

L’observatoire des métiers de la DSI de TnP Consultants fournit une analyse des tendances du marché sur les profils métiers IT du secteur financier. Il a notamment vocation à identifier les profils les plus demandés et l’ancienneté des salariés de DSI en France, à évaluer les stratégies actuelles de recrutement et de mobilité et à évaluer la cohérence entre stratégie RH et stratégie d’externalisation.

Le secteur de la banque et de l’assurance en France a été rattrapé en 2012 par la crise des dettes souveraines et des liquidités dans un contexte de ralentissement marqué de l’économie mondiale et en particulier européenne. Les effets de la crise se font ressentir chez les DSI par une baisse des investissements (report des projets) et une pression accentuée sur les coûts récurrents.

Les acteurs de la banque et de l’assurance restent cependant les principaux recruteurs de profils informatiques en France. Ce secteur conserve une attractivité par la proposition de carrière à long terme au sein de nombreux métiers fortement automatisés (monétique, paiements, titres, tenue de comptes, réglementaire…) et l’opportunité de grands projets à l’échelle internationale.

En 2011, le renouvellement de la pyramide RH des DSI prévoyait deux remplacements pour trois départs entre 2010 et 2015, et la nécessité de renouveler les équipes de top et middle managements, hypothèse devant favoriser l’emploi des cadres informatiques dans les cinq prochaines années dans le secteur financier.

Des managers intermédiaires qui n’évoluent plus hors de la DSI…

En 2012, la crise du secteur financier, couplée à la mondialisation des métiers informatiques, montre une cristallisation et un vieillissement des pyramides RH en France, qui doivent être largement renouvelées. C’est une opportunité pour les DSI de s’interroger sur les compétences qu’elles souhaitent garder en interne, celles qu’elles doivent absolument acquérir pour rester compétitifs et les mobilités possibles dans les métiers. « Les DSI gèrent souvent seules leurs compétences au sein de la banque, explique Thierry Cartalas, associé chez TnP Consultants.

Cela aboutit à une couche de management intermédiaire qui n’évolue plus en dehors de la DSI. Les promotions ou évolutions vers les métiers de la banque étant limitées, de nombreuses compétences techniques clés rejoignent les SSII, plus attractives en termes de progression des responsabilités. » L’innovation dans le domaine des nouvelles technologies rime bien souvent avec de nouvelles opportunités. Afin de s’adapter au défi de la mondialisation des systèmes d’information (technologies, opérations, solutions), de nouveaux besoins émergent.

L’enquête TnP Consultants menée auprès d’une douzaine d’établissements majeurs du secteur financier montre que leurs DSI font fortement évoluer leurs profils vers des nouveaux métiers liés au management (contractuel, fonctionnel, hiérarchique) et à l’industrialisation des services en même temps qu’elles accentuent l’externalisation des profils hors cœur de métier.

Ce virage de la DSI du secteur financier, davantage vers un rôle d’intégrateur de services informatiques et moins d’opérateur, va avoir un impact majeur sur les emplois et les compétences requises jusqu’en 2013, en particulier sur les métiers de la production et du support utilisateurs. La clé du succès se trouve alors dans une gestion plus fine des besoins et des compétences par profil. L’enjeu pour la DSI est de contrôler la qualité des activités externalisées et de conserver la maîtrise en interne des évolutions technologiques sur ses projets et ses opérations, par exemple celle du cloud computing.

Le second enseignement de cette enquête est que les profils métiers d’aujourd’hui ne sont pas alignés avec les missions de la DSI de demain. Celle-ci doit se renouveler face aux nouvelles tendances comme la généralisation de l’adoption de progiciels, le recours accru à l’offshore et l’industrialisation des métiers de l’informatique. L’étude montre ainsi l’émergence durable de nouveaux métiers IT comme le gestionnaire des risques ou le manager de service.

Concrètement, la priorité de recrutement est donnée aux métiers de la sécurité, de l’intégration applicative et de l’urbanisme ainsi qu’à la direction de projets. Sur l’ensemble des profils d’emploi informatiques du référentiel Cigref, les prévisions 2013 des budgets de recrutement sur vingt-cinq profils montrent que treize sont en croissance et que douze sont stables ou en décroissance.

Par ailleurs, dix profils sur les trente-trois du référentiel Cigref sont susceptibles d’être externalisés ou transférés à l’offshore à plus de 80 % en 2013, en particulier pour les catégories de gestion des infrastructures et de support utilisateurs. En 2012, les compétences cœur de métier des DSI des établissements financiers sont celles de la gestion de projet, d’architecture, d’intégration et, plus récemment, le management des achats de prestations et le chargé d’affaires. Les profils des catégories de management de projet et de gestion du cycle de vie applicatif sont ainsi jugées « cœur de métier » par les DSI du secteur bancaire, respectivement à 90 % et 70 %.