ERP : le goût du risque

Faut-il craindre une recrudescence des échecs en matière d’ERP ? C’est ce que pense l’analyste Eric Kimberling, du cabinet Third Stage.

Il avance essentiellement trois raisons. La première est que, pour prendre l’exemple de SAP, dans la perspective de l’arrêt de la maintenance de SAP ECC en 2025, l’incitation à migrer vers S/4 Hana pour beaucoup d’entreprises va créer des difficultés, en passant d’environnements globalement stables et fiables à une solution qui ne couvre pas tous les besoins d’une organisation complexe et dont la plupart n’ont pas vraiment besoin. Ensuite, et c’est lié au point précédent, les éditeurs privilégieraient de plus en plus leurs intérêts (faire migrer leur base installée dans le cloud le plus vite possible) avant ceux de leurs clients.

Enfin, et c’est également lié au point précédent, migrer trop vite, avec des solutions moins complètes en fonctionnalités et moins matures dans le cloud, crée des risques. Pour l’analyste de Third Stage, les récentes catastrophes ERP (Lidl, Haribo, Revlon…) ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Il est vrai que, dans ce domaine, les trois ingrédients explosifs n’attendent qu’une étincelle pour créer des dégâts considérables : un défaut d’alignement stratégique entre éditeur et client crée inévitablement des tensions préjudiciables aux utilisateurs ; vouloir aller trop vite n’est jamais bon, car cela impose de faire des impasses sur des éléments cruciaux (les tests, la qualité des données, la gestion du changement…) ; et créer des liens de dépendance de plus en plus étroits accentue la tentation, pour un fournisseur, d’en profiter. Certains ne s’en privent pas…