On connaît tous les Marx Brothers (Groucho, Harpo, Chico et Zeppo), connus pour multiplier les turpitudes, maladresses, bévues et autres gaffes. Et qui, on s’en doute, ne sont jamais pris au sérieux. Lorsqu’on observe au quotidien l’actualité du digital, de ses acteurs, de ses médias, de ses événements, on se dit que l’on pourrait décliner le concept des Marx Brothers.
Nous aurions ainsi une nouvelle génération, avec quatre personnages caractéristiques du paysage actuel du digital : Ego, Pipo, Halo et Mytho.
Ego parce que l’on n’a jamais vu, dans l’histoire des technologies, autant de pseudo-experts, de patrons de start-up, de journalistes, d’investisseurs et autres commentateurs improvisés qui ont une tête grosse comme une levée de fonds dans la Silicon Valley. Le monde des technologies de l’information des années 1990 à 2010, n’avait pas connu une telle exubérance, sauf pendant la courte période qui a conduit, au début des années 2000, à l’éclatement de la première bulle Internet.
Pipo, car on se rend compte que beaucoup d’événements, de salons, d’annonces, d’alliances, de Trophées et autres Awards ne reposent que sur du vent. Tout comme les discours lénifiants qui y sont associés. Halo, car la profusion d’informations empêche de distinguer l’essentiel de l’accessoire, l’anecdotique du futile, l’insignifiant de la vacuité et du néant. Et c’est bien dommage…
Mytho, car de nombreux acteurs de l’écosystème digital mentent sans aucun remords et avec un aplomb étonnant : les médias sur leur audience, les agences de pub sur leur compréhension des enjeux, les agences de relations publiques sur leur influence, les éditeurs de logiciels sur leur maîtrise de l’intelligence artificielle, les marketeurs sur leurs ambitions, les Chief Digital Officers sur leur pouvoir de transformation, les gourous sur leur aura, construite à coups d’idées toutes faites et de banalités… C’est, pour la plupart, la condition de la survie de leur fonds de commerce. On se doute bien qu’ils ne vont pas lâcher facilement une si belle affaire…