Faut-il un quota d’erreurs pour les DSI

Le 5 octobre dernier, l’hebdomadaire Le Canard Enchaîné a révélé que l’AP-HP, à l’occasion d’un changement de logiciel, a perdu « de façon définitive » 80 millions d’euros, un manque à gagner lié à la facturation de patients qui ne recevront jamais de rappel. Passons sur ce « bug », qui peut arriver à tout le monde.

Passons aussi sur les 2,4 millions d’euros versés à un cabinet de conseil en stratégie, certainement parce qu’ils sont les meilleurs… C’est la réaction de la direction de l’AP-HP qui apparaît plus étonnante : la perte doit « s’apprécier au regard du volume de recettes annuelles de 7,3 milliards d’euros. » Voilà donc une bonne nouvelle pour tous les DSI : si ce principe s’appliquait dans leurs entreprises, ils auraient donc le droit de gaspiller les budgets, d’installer des logiciels au fonctionnement approximatif ou d’éviter de respecter les fondamentaux du management des SI (les tests pour commencer). En cas de problème, il suffirait à la direction générale d’affirmer que la gabegie de la DSI est à comparer au chiffre d’affaires de l’entreprise. Les DSI de multinationales peuvent donc se (re)lâcher ! En regard de quelques milliards de chiffre d’affaires, quelques dizaines, voire centaines, de millions de perdus dans des projets systèmes d’information ne sont qu’une peccadille. C’est aussi une bonne nouvelle pour les fournisseurs, qui pourraient ainsi profiter de cet usage pour se dégager de leurs responsabilités, en particulier leur obligation de moyens. Et ils ne se gêneront pas, si la porte budgétaire leur est grande ouverte…