Imaginer un système d’information à hautes fréquences

Gartner popularise l’idée selon laquelle les DSI doivent s’orienter vers une stratégie bi-modale (Cf. Best Practices, n° 162), qui combine deux approches : l’une se focalisant sur la stabilité, l’autre sur l’agilité. Il est, en effet, difficile de faire autrement, compte tenu des pressions qui poussent à agir plus rapidement tout en sauvegardant la solidité du socle du SI.

Mais cette approche est-elle suffisante ? Peut-être pas. Car, à terme, il faudra scinder ces deux approches, autrement dit, s’orienter vers une approche « quadri-modale ». Ainsi, la stratégie qui privilégie la stabilité pourra être scindée en deux autres approches : l’une qui conduira à désinvestir, l’autre qui conduira à sanctuariser, pour une période plus ou moins longue, des éléments-clés du SI. Concernant l’agilité, là aussi, il sera probablement pertinent de scinder en deux approches : l’une pour gérer le flux de projets métiers qui demandent de l’agilité, l’autre pour adresser des besoins très spécifiques d’hyper-réactivité pour innover.

On pourrait s’inspirer des stratégies des investisseurs en bourse. Les stratégies d’arbitrage, face à l’évolution des marchés, peuvent se décrire en quatre éléments : les actions qu’il faut vendre (désinvestissement), car elles coûtent plus cher en frais de garde (maintenance) que ce qu’elles rapportent et elles immobilisent du cash qui serait mieux employé ailleurs ; celles qu’il faut conserver à moyen et long terme, parce qu’elles rapportent des dividendes et constituent des valeurs sûres ; celles pour lesquelles il faut être réactif afin d’acheter et de vendre en dégageant rapidement des plus-values ; et celles, enfin, qui sont concernées par le trading à haute fréquence, avec des achats et des ventes qui se réalisent en quelques millisecondes, de manière à générer très rapidement un ROI.

Mais gérer les deux extrêmes (désinvestir, imaginer un SI « à haute fréquence ») requiert un changement de posture délicat à mener à bien : il faut, en effet, le courage d’affronter les résistances, pour couper des morceaux de SI auxquels les utilisateurs peuvent être attachés et accroître la part de risque avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur la pérennité du poste de DSI.