L’innovation ouverte est un modèle d’innovation fondé sur le partage des savoirs et des savoir-faire. Toutes les entreprises sont concernées, ainsi que toutes les fonctions, y compris les DSI pour la veille et l’accompagnement.
Partager les savoirs et les savoir-faire : tel est le principe de l’innovation ouverte. Plus précisément, Martin Duval, fondateur de la société Bluenove, et Klaus Speidel, fondateur de Hypios, définissent l’innovation ouverte de la manière suivante : « L’innovation ouverte couvre l’enjeu et la capacité des entreprises et des organisations à impliquer l’ensemble de l’intelligence collective des acteurs de leur écosystème, et au-delà, dans leurs processus d’innovation. »
Un écosystème qui comprend les acteurs externes : clients, fournisseurs, laboratoires de recherche, start-up, autres entreprises… L’idée est de renforcer les liens ou d’en créer, de manière transitoire ou durable.
Jusque dans les années 1990, les entreprises privilégiaient l’innovation avec leurs ressources internes, en considérant que les résultats, sous forme de nouveaux produits et services, relevaient du secret et de l’avantage concurrentiel exclusif.
« Depuis les années 1990, elles auraient commencé à comprendre l’intérêt de s’ouvrir, leur survie dépendrait désormais de leur capacité à impliquer systématiquement des acteurs externes dans leur processus d’innovation », rappelle les auteurs, citant les travaux d’Henry Chesbrough, professeur à l’université de Berkeley, qui a popularisé le terme open innovation au début des années 2000.
Cette ouverture peut se concevoir de deux manières : d’une part, lorsque les idées proviennent de l’extérieur de l’entreprise (innovation outside-in), d’autre part, une approche inside-out, lorsque l’entreprise, plutôt que de se procurer les idées et les technologies à l’extérieur, vend ou loue les résultats de son propre processus d’innovation, par exemple si cela ne correspond pas à son business modèle.
Selon les auteurs, « une démarche d’open innovation consiste alors à ouvrir les canaux qui permettent une meilleure circulation des idées, techniques et solutions, en interne, et implique un plus grand nombre d’acteurs. Des canaux typiques sont, par exemple, les logiciels, qui, lorsqu’ils sont bien utilisés, créent des ponts transverses entre équipes géographiquement éloignées. »
Open Innovation, développez une culture ouverte et collaborative pour mieux innover, par Martin Duval et Klaus Speidel, Dunod, 2014, 186 pages.
Les auteurs précisent qu’il ne faut pas confondre l’innovation ouverte avec d’autres approches, comme l’Open Source, même s’il y a des similitudes dans l’organisation de la collaboration, le rachat d’entreprises innovantes, la personnalisation de produits, via un site Web, ou le crowdsourcing, qui s’applique à beaucoup d’autres domaines que l’innovation.
Mettre en œuvre une démarche d’innovation ouverte répond à plusieurs justifications. D’abord, parce que le nombre de personnes compétentes à l’extérieur de l’entreprise sera toujours supérieur au nombre de collaborateurs d’une organisation, même si celle-ci est très grande. Ensuite, l’innovation ouverte permet de partager les risques.
Enfin, elle se justifie pour faciliter le transfert de solutions venant d’autres secteurs. Plus généralement, l’innovation ouverte trouve sa pertinence face à trois tendances lourdes auxquelles les entreprises sont confrontées : la crise économique, qui entraîne une diminution des budgets dédiés à la recherche et développement ; les contours, de plus en plus flous, du « cœur de métier » des entreprises ; l’impact de la transformation numérique, qui facilite la mise en relation des individus, la détection de compétences et l’identification de centres d’intérêts communs.
L’innovation ouverte est applicable pour tous types d’entreprises et concerne tous les métiers : recherche et développement (développer plus rapidement…), direction des ressources humaines (détecter de nouveaux talents…), direction juridique (gérer la propriété intellectuelle…), direction des achats (sélectionner des partenaires et des start-up…), équipes marketing (animer des plateformes de clients bêta-testeurs…), direction de la communication (mobiliser les collaborateurs…) et direction financière (évaluer le retour sur investissement…).
Sans oublier, bien sûr, la DSI, très légitime sur ce terrain. « Elle peut être promotrice de démarches d’ouverture d’APIs et de concours de développeurs, tant en interne qu’en externe, expliquent les auteurs. Les relations avec les développeurs sont bien des compétences et des savoir-faire nouveaux, à acquérir et pérenniser au sein de la DSI, dans un contexte d’innovation ouverte, et la DSI et les RH auront à collaborer sur ce point. »
La DSI a aussi d’autres rôles : la veille pour détecter les start-up innovantes, la mise en place d’une cellule en mesure de développer des partenariats et des tests. Pour les auteurs, « le rôle d’un DSI est de plus en plus celui de curateur (c’est-à-dire qu’il sélectionne et implémente des technologies développées à l’extérieur), plutôt que celui de développeur. »
En évitant de tout vouloir tout faire sous l’égide de la DSI. « Il s’agit de freiner le zèle des DSI qui veulent tout faire elles-mêmes, éventuellement sous prétexte que des données confidentielles sont mises en jeu, car de nombreuses solutions sécurisées existent désormais », poursuivent les auteurs.
Plusieurs approches sont possibles pour mettre en œuvre une stratégie d’innovation ouverte, que les auteurs passent en revue, avec leurs avantages et leurs inconvénients : la résolution de problèmes, le concours d’idées, les boîtes à idées, les portails, les réseaux sociaux d’entreprise, les communautés de bêta-testeurs, l’Open Data et les APIs, les partenariats avec les entrepreneurs ou encore le capital-risque.
Globalement, les entreprises françaises sont en retard dans le domaine de l’innovation ouverte. La vision des entreprises est, certes, très positive, mais, selon les résultats du baromètre de l’innovation ouverte publié par Blue Nove, le Medef et Arthur D. Little, la France n’est pas dans le trio des pays reconnus comme les plus matures (États-Unis, Grande Bretagne, Allemagne), selon un groupe d’experts internationaux interrogés.
Dans les entreprises françaises, l’innovation ouverte se traduit d’abord par des collaborations avec des start-up, la résolution de problèmes avec des experts externes et des concours d’idées internes, les entreprises impliquent d’abord leurs employés, puis les universités/centres de recherche et leurs clients… devant les start-up et les fournisseurs. Mais, subsiste encore, dans les entreprises françaises, la peur de perte de propriété intellectuelle et de contrôle du processus d’innovation, dans un contexte où l’innovation ouverte reste relativement éloignée de la culture d’entreprise existante.
Les auteurs identifient les tendances qui, selon eux, vont marquer l’évolution de l’innovation ouverte, notamment avec une convergence des plateformes internes et externes, l’apparition de méta-challenges et de concours d’idées multi-partenaires, des initiatives autour de l’Open Data, des innovations de rupture provenant de réflexions multi-secteurs et une exigence accrue pour des concepts testés sur des cycles réduits.
Comment décrire un problème que d’autres doivent résoudre ?1. Décrivez le contexte. 2. Dites ce que vous voulez, pas comment faire pour l’obtenir. 3. Définissez les principaux concepts. 4. Cherchez l’explication la moins technique possible du problème. 5. Indiquez ce que vous ne pourrez pas faire. 6. Précisez ce que vous savez déjà. |
Les autres idées à retenir• Il est inconcevable d’innover sans intégrer, d’une façon nouvelle, ses parties prenantes internes et les acteurs de son écosystème.
• Une idée, un brevet, un concept, une invention ne deviennent une innovation que s’ils se traduisent par un nouveau produit, ou service, qui se développe à très grande échelle sur un nouveau marché. • L’innovation ouverte ne s’oppose nullement à la propriété. • L’innovation ouverte ne se limite pas au seul périmètre du département R&D, ou d’une direction innovation lorsqu’elle existe. • L’innovation ouverte, c’est oser dire que l’on ne sait pas et oser partager ce que l’on sait. • « Savoir trouver » ne vaut pas moins que « savoir faire », il faut passer du « savoir faire » au « savoir qui ». • Le rejet, voire l’élimination, des fausses bonnes idées améliore la compétitivité d’une entreprise. |