Pour réussir sa transformation numérique, le meilleur moyen d’échouer est de dupliquer ce que font les autres, estiment les analystes du cabinet de conseil Cutter Consortium, qui rappellent que la première bulle Internet a éclaté en partie avec ce type de comportements moutonniers.
Ceux-ci suggèrent de disposer de trois ingrédients : un consensus réaliste sur l’objectif, des résultats attendus (pour les clients et pour l’organisation) et une feuille de route des actions pertinentes pour atteindre les résultats. On peut faire un parallèle avec la très compétitive industrie cinématographique. Pour simplifier, elle a trois caractéristiques principales, selon l’économiste américain Arthur de Vany, qui a consacré un intéressant ouvrage à l’économie de cette industrie (*) : la durée de vie d’un film (quelques semaines, guère plus de quinze pour les plus chanceux…) est plus courte que son temps de fabrication, on ne peut prévoir le succès d’un film, car la qualité est très subjective et, en moyenne, moins de 20 % des films génèrent 80 % des profits du secteur.
On peut en déduire trois principes qui s’appliquent à la transformation digitale et à l’innovation : d’abord, il ne faut pas que l’aversion pour le risque soit trop importante, sinon il n’y aura pas d’investissement. Ensuite, il faut travailler l’expérience client, tout comme le succès d’un film repose en partie sur le bouche à oreille. Enfin, il faut développer un portefeuille d’innovations, sachant que, peut-être, une sur dix aura un réel succès et les autres non : comme dans la production de films…
Le parallèle entre les stratégies numériques et les stratégies de producteurs de films est intéressant. On pourrait ajouter un autre point commun contribuant, dans les deux cas, au succès : la capacité à raconter de belles histoires…
(*) Hollywood economics, how extreme uncertainty shapes the film industry, Editions Routledge.