Il paraît que si un éditeur de logiciels accole à la description de son offre qu’elle est basée sur de l’intelligence artificielle, sa valorisation fait un bond. Ce phénomène n’a pas encore été mesuré, mais il est probable que cette ficelle marketing, très répandue, le sera de plus en plus.
Dans le domaine de l’intelligence artificielle, il y a au moins une certitude : c’est que l’on ne sait pas quels en seront les contours, les enjeux, les dangers ou les opportunités. Et, si études, colloques et séminaires sur l’IA foisonnent, il reste difficile d’élaborer une roadmap claire. Par exemple, l’impact sur l’emploi est à la fois considéré comme catastrophique par certaines études (un emploi sur deux serait menacé aux Etats-Unis, selon un rapport de la Maison Blanche publié fin 2016) ou comme une opportunité (lire page 9 dans ce numéro) pour en créer.
La difficulté de réussir un exercice prospectif dans ce domaine n’est pas liée aux aspects technologiques, mais à ce qui relève de l’imagination et de la créativité du cerveau humain pour suggérer de nouveaux usages. Lors de la dernière conférence de l’USI, Eddie Obeng, professeur en entrepreneuriat et en innovation à la Henley Business School, a expliqué que « la technologie est là pour améliorer l’efficacité des individus et non pas pour les remplacer. Car si on remplace les individus par des machines, il n’y aura plus d’avancées, de moyens de se différencier. » Et d’ajouter : « Les prospectivistes font tous la même erreur : ils déshumanisent ! » Surtout lorsqu’ils parlent d’intelligence artificielle.