La blockchain en pratique pour les entreprises

La blockchain est une « technologie décentralisée qui utilise des fonctions de cryptage pour sécuriser, fiabiliser et transférer l’information au sein d’un réseau dans lequel la confiance est distribuée via des algorithmes mathématiques se soustrayant ainsi à des tiers de confiance. »

Aurélien Onimus, CEO de Seein-apps.com, un portefeuille de cryptomonnaies, nous propose une bonne synthèse de ce qu’il faut savoir sur la blockchain, qui reste encore bien difficile à maîtriser pour la plupart des managers et des dirigeants d’entreprises. Elle peut même faire peur et beaucoup la voient cantonnée aux cryptomonnaies.

Or, ses applications en entreprise sont tout à fait pertinentes : « Encore trop considérée comme une « mode », cette technologie qui a plus de quarante ans apporte pourtant bel et bien des perspectives économiques, financières et sociales considérables dans un monde qui requiert de plus en plus de sécurité et de confiance », rappelle l’auteur.

Les opportunités avant les choix technologiques

Concernant la mise en œuvre de la blockchain dans les entreprises, on retiendra un principe fondamental, qui s’applique d’ailleurs à tous types de technologies : le choix du projet doit précéder celui de la technologie. En effet, souligne l’auteur, « avant de se lancer tête baissée dans un projet blockchain car cela semble être le sujet du moment, il est impératif de se poser et d’analyser la pertinence d’utiliser la blockchain. »

Car dans beaucoup de cas, on observe « une mauvaise compréhension de son intérêt. » Exemple : croire que la blockchain rend une information vraie, « ce qui est absolument faux », rappelle l’auteur. La blockchain se contente, et ce n’est déjà pas si mal, d’assurer qu’une information n’a quasi aucune chance d’être modifiée.

Se poser les bonnes questions

Concrètement, la mise en œuvre d’un projet de blockchain suppose de se poser plusieurs questions :

– Est-il réellement impossible de faire confiance dans toutes les parties prenantes ?

– Comment gérer les risques ?

– Comment évaluer les coûts de fonctionnement ?

– Comment partager les responsabilités ?

Autrement dit, recommande l’auteur, « choisir la bonne approche blockchain est donc la clé de réussite du projet. La mise en œuvre technique n’occupe finalement qu’une part infime du projet, l’essentiel étant d’être très clair avec le besoin ciblé, les objectifs et exigences techniques, l’approche du risque et des enjeux, le fonctionnement du réseau. »

Aurélien Onimus propose un schéma très clair d’aide à la décision, en fonction de ces éléments, avec les avantages et les inconvénients de huit types de blockchain (bitcoin, Etherum, EOS, Hyperledger Fabric, Polkadot, Tezos, Solaria et Avalanche).

Créer et développer un projet blockchain s’effectue en trois étapes principales :

– Identifier le problème pour répondre à un vrai besoin (primaire, secondaire, latent),

– Etudier la faisabilité (analyse du marché),

– Viabiliser le projet, notamment avec tous les coûts (ventes, maintenance, R&D, consulting…).

L’auteur recommande de « voir son offre comme une évolution technologique perpétuelle, prototyper pour perfectionner et sortir un MVP (Minimum Viable Product) ».

Anticiper la montée en charge

Logiquement, un projet blockchain ne sera jamais figé, d’où la nécessité également d’anticiper la croissance, d’autant que le choix d’une blockchain très décentralisée se fera au détriment de la scalabilité. Il convient aussi de disposer des bonnes compétences, la majorité des blockchains ont en effet leurs propres langages de programmation…

La blockchain a évidemment des synergies avec d’autres technologies, par exemple le BIM (Building Information Modeling), l’intelligence artificielle (que la blockchain peut contribuer à rendre plus fiable et plus efficiente) et la sécurité des interactions entre les objets connectés.

L’auteur reste optimiste : pour lui, même « s’il n’est pas correct de dire qu’une technologie va changer le monde, car il faut toujours considérer les choses dans leur ensemble, il est clair que les impacts de la blockchain dans notre quotidien sont d’ores et déjà effectifs. » La majorité des cas d’usage vont concerner la sécurisation de l’information, la création de monnaie digitale, la génération d’identités digitales et la gestion financière.

Au-delà des considérations sur les contours et les opportunités de la blockchain, cet ouvrage reste très utile, non seulement pour tout manager de systèmes d’information qui, un jour ou l’autre, sera confronté à la mise en œuvre d’un projet dans ce domaine, mais également pour tout responsable métier, pour imaginer des cas d’usage créateurs de valeur. Et qui, s’ils se multiplient, rendront réelles les espérances de l’auteur, pour qui la blockchain « porte les prémices d’un monde connecté dans lequel l’imagination, la création, les applications quotidiennes ne trouveront pas de limites. »

 

Guide pratique de la blockchain en entreprise, par Aurélien Onimus, préface de Faustine Fleuret, Eyrolles, 2022, 276 pages