Le profil-type des DSI

Le cabinet KPMG, associé à Harvey Nash, a publié la vingtième édition de son étude « Portrait de DSI », qui décrypte les enjeux des directeurs des systèmes d’information dans le monde. Près de 4 000 d’entre eux ont été interrogés, dans 84 pays.

Constat principal : des budgets qui augmentent pour la moitié des DSI, par rapport à 2017, mais stratégie IT et stratégie business peinent toujours à se rejoindre.

Y aurait-il enfin un regain de considérations pour les systèmes d’information ? Alors que leurs budgets 2017, sous pression, étaient soumis à des restructurations, les budgets 2018 sont en hausse pour près de 50 % des DSI, le taux le plus haut jamais observé depuis le lancement de l’étude (1). Ainsi, 65 % des DSI estiment que leur fonction est devenue plus stratégique.

Pourtant, soulignent les consultants, « la menace du Shadow IT, la place de plus en plus imposante du Chief Digital Officer et la nature par essence « mouvante » de la technologie desservent quelque peu l’influence stratégique qu’a réussi à se construire le DSI ces dernières années. » Ainsi, le DSI est notamment moins présent au sein des boards des entreprises (- 9 %). Toutefois, en France, ce constat n’est pas visible et le nombre de DSI dans les comités exécutifs demeure inchangé.

Moins d’infogérance… sauf en France !

L’une des tendances majeures concerne le recours à l’infogérance, moins fréquent, sauf pour les entreprises françaises. Cette année, les budgets externes représentent, en moyenne, 32 % des budgets IT, une baisse notable de 16 points par rapport à 2017, année où ils s’élevaient à près de la moitié des budgets des DSI (48 %). C’est même le plus bas niveau depuis le milieu des années 2000.

Une baisse que l’on peut expliquer par des budgets plus surveillés, mais aussi par une profonde problématique de recrutement : « La guerre des talents fait rage dans le monde de l’IT. Aujourd’hui, elle touche aussi bien les prestataires externes que les entreprises, qui n’arrivent pas à capter les compétences-clés. Bon nombre de budgets de recrutement dédiés à ces profils sont ainsi perdus chaque année, c’est un vrai problème de fond ! » estime Thomas Schaumburg, associé CIO Advisory chez KPMG.

Alignement IT et métiers : on attend toujours…

Un autre problème de fond émerge également : la réussite d’une stratégie numérique apparait complexe à mesurer, estiment huit DSI sur dix (78 %). En parallèle, plus de la moitié des entreprises (55 %) considèrent que leurs stratégies business/IT ne sont pas alignées. « Cet alignement des planètes est absolument fondamental ; sans lui, le DSI porte une coquille vide. Beaucoup d’entreprises tâtonnent encore. Celles qui ont compris que la mise en place d’une feuille de route structurée pour l’IT est nécessaire, non seulement sur les enjeux de cybersécurité, mais aussi sur le long terme, avec une vraie vision, disposeront d’un cap d’avance absolument décisif », assure Thomas Schaumburg. Améliorer la cybersécurité de l’entreprise reste la priorité qui arrive en tête pour les DSI, en hausse de 23 % par rapport à 2017.

On retrouve également cette préoccupation, face à l’insécurité, chez les directions générales : une autre étude de KPMG, centrée sur les DG (2), montre que les deux-tiers des dirigeants d’entreprises américains ( un sur deux en France) admettent « l’inévitabilité d’une cyberattaque pour leurs métiers. » Mais seulement un sur deux s’estime suffisamment préparé à l’affronter.


(1) CIO survey 2018, The transformational CIO, Harvey Nash, KPMG.
(2) Growing pains, 2018 global CEO outlook, KPMG International.


Les chiffres clés

  • 39 % des budgets IT des entreprises françaises ne sont pas contrôlés par la DSI, un ratio similaire aux américains (37 %), le record étant détenu par les entreprises allemandes (63 %).
  • 39 % des entreprises ont augmenté leur budget IT en 2017, le record étant détenu par l’Autriche (68 %).
  • 45 % des entreprises vont augmenter leur recours à l’infogérance.
  • 52 % des entreprises ont subi des cyberattaques graves au cours des deux dernières années.
  • 12 % des DSI sont des femmes, contre 7 % en 2012.
  • 46 % des DSI prévoient que leur salaire va augmenter en 2018, contre 65 % des Chief Digital Officers.
  • 65 % des DSI sont membres du Comex (contre 71 % en 2017).
  • 68 % des DSI estiment bénéficier du soutien de leurs comités de direction.
  • 78 % des DSI estiment que leur stratégie digitale est peu ou modérément efficace.
  • 47 % des DSI vont augmenter leurs effectifs en 2018, c’est le plus haut niveau depuis dix ans.