Comment caractériser le cloud ? Par cinq mots commençant par un i : intégration, illusion, incohérence, indépendance et incertitude. À lire la littérature sur le cloud computing, la migration vers cette forme de management d’un système d’information paraît simple. Les fournisseurs le répètent et c’est leur rôle de promouvoir ce type de solutions.
Si, sur le papier, cette simplicité est mise en exergue, dans la réalité, elle est un peu moins significative. On peut, en effet, difficilement imaginer résoudre le problème de la complexité d’un système avec le cloud, même si l’on y parvient pour certaines parties du système d’informations. Les trois retours d’expérience montrent que les gains sont significatifs en agilité du système d’information et en adaptation aux transformations business.
Mais la simplicité apparente du cloud se trouve nuancée par cinq éléments, que l’on peut résumer par 5 i, emblématiques de cinq mythes :
- Intégration : les applications cloud devront, un jour ou l’autre, s’intégrer dans le SI existant ; plus ces applications seront stratégiques (par exemple les ERP, lire » ERP en mode cloud :les prérequis avant de s’engager », best Practices SI, n° 140 du 1er décembre 2014, pages 6et 7), plus cette intégration sera incontournable. « Le phénomène des applications directement achetées par le métier a pris de l’ampleur », observe Emmanuelle Olivié-Paul, directrice associée du cabinet d’études Markess. « De ce fait, la question de leur intégration avec le système d’information de l’entreprise se pose de plus en plus. Par exemple, si une entreprise utilise une solution de gestion des talents dans le cloud pour identifier et recruter de nouveaux collaborateurs, il faut également pouvoir suivre ces derniers dans l’ensemble des applications de ressources humaines. »
- Illusion : le cloud réduit les coûts. Le cabinet Computer Economics a fait le calcul après avoir étudié le cas de sept entreprises de taille moyenne. Résultat : les entreprises qui utilisent le cloud computing dépensent 16 % de moins, en particulier en dépenses de personnel et en budget pour les datacenters. Le coût par utilisateur est plus faible de 18,5 %. L’illusion consiste à penser que ces économies sont pérennes dans le temps si les DSI ne restent pas attentives.
- Incohérence : le fait que les directions métiers investissent directement pour mettre en œuvre des applications dans le cloud crée un risque d’incohérence, que les DSI ont et auront à gérer.
- Indépendance : cette question de l’indépendance à l’égard des fournisseurs, qui se pose pour les applications internes, se pose également pour les applications en mode cloud. Cette approche ne réduit pas automatiquement le degré de dépendance vis-à-vis d’un prestataire, cela peut même l’accroître selon les modalités contractuelles, le degré stratégique des applications et de vigilance des équipes IT.
- Incertitude : elle provient essentiellement de l’évolution des modèles économiques des fournisseurs de cloud et de ses conséquences pour les DSI. Selon une étude Xerfi-Précepta, les spécialistes du cloud computing devront faire face à une intensification de la concurrence intra-sectorielle à l’horizon 2015, surtout sur le segment de l’infrastructure à la demande (IaaS). Elle se traduira par des pressions sur les prix, liées aux offensives des exploitants des datacenters.
« Ces derniers continueront d’agrandir leurs parcs de serveurs, tout en cherchant constamment à faire tendre le taux d’utilisation de ces derniers vers 100%, quitte à se montrer extrêmement agressifs sur les prix d’une partie de leurs ressources disponibles », souligne l’étude. L’incertitude porte que la possible disparition d’acteurs, leurs rapprochements ou la qualité des prestations, si le low cost finit par s’imposer. D’après une étude Research in Action-Compuware, 73 % des entreprises, au niveau mondial, ne font pas confiance à leur fournisseur de cloud.