Les DSI et la révolution numérique : un mariage de raison ?

Comment les DSI vivent-ils l’invasion du numérique et du cloud computing ou la mise en place des projets de réseaux sociaux dans les entreprises alors que les budgets sont plutôt revus à la baisse dans un contexte de crise ?

L’innovation est partout et s’impose de plus en plus par l’usage et les demandes des utilisateurs qui sont tout aujourd’hui plus ou moins avertis mais en tout cas beaucoup plus qu’hier. On assiste à un grand changement dans les organisations des entreprises et dans les DOSI / DSI qui ne semblent pas en être à l’initiative, mais qui prennent constamment acte des demandes métiers en subissant le mouvement plutôt qu’en l’anticipant.

Dans une période de fortes évolutions et où l’on parle beaucoup de grandes innovations technologiques, de « l’informatique en nuages » ou de « cloudsourcing », comment le rôle de la DSI par rapport à l’innovation évolue-t-il ? Les systèmes d’information sont pilotés la plupart du temps par des ingénieurs, et la technologie a toujours été au centre des sujets du DSI.

D’où une réflexion constante de leur part sur l’innovation et l’introduction des nouvelles technologies dans l’entreprise. Dès lors, les DSI sont-ils plus ou moins innovants qu’avant ? Nous éviterons de tomber dans le cliché « C’était mieux avant !». Mais il nous semble toutefois qu’avant c’était pour le moins très différent !

Les nouveaux outils, notamment mobiles (téléphones et tablettes), perturbent l’organisation interne, la gestion encore trop hiérarchique des organisations informatiques et l’intégration des flux et leur sécurité. La plupart des grandes entre­prises ont déjà un projet de réseau social qui devra s’intégrer à leur gestion classique interne et ce projet s’accompagne également de la nécessité d’intégrer la génération « Y » dans les organisations.

Nous assistons encore à une double révolution, technologique d’une part et purement humaine de l’autre ! Il est fort probable que les entreprises qui arriveront à attirer de jeunes talents et leur donner de l’autonomie sur ces nouveaux projets obtiendront sur le long terme plus de succès.

En effet, peu de DSI sont nés avec Internet et ils sont aussi relativement éloignés des préoccupations des jeunes. Ils ont construit des organisations que ce mouvement vient bouleverser. Ils ont mis en place des contrats et optimisé la gestion de fournisseurs (ERP, matériels, serveurs…).

Tout ce travail de construction et ces acquis risquent d’être remis en cause encore plus vite avec la pression de la crise. Car les entreprises ne pourront plus continuer longtemps à maintenir des anciens systèmes coûteux et trouver des budgets en parallèle pour accompagner l’innovation et elles ne pourront pas, non plus, demeurer à la traîne du changement. Cela promet du mouvement dans les organisations.

Certains prétendent que cela a déjà bien commencé. C’est peut-être alors l’occasion pour les DSI de créer une cellule innovation ou un poste de responsable de l’innovation pour mieux contrôler cette mutation et rester dans le jeu.

Il est en effet intéressant d’observer un dépla­cement et une concentration de la recherche chez les fournisseurs qui poursuivent une course technologique effrénée tandis que la DSI a progre­s­sivement laissé son rôle de concepteur au profit d’un rôle davantage orienté vers la veille et l’intégration aux processus métiers de solutions nouvelles conçues à l’extérieur de la DSI.

De plus en plus, on considère simplement que l’intelligence est plus présente hors de l’entreprise, car les cerveaux y sont plus nombreux. Cette réflexion conduit même à l’utilisation de matériels destinées au grand public, devenu aujourd’hui un utilisateur plus qu’averti ! Les professionnels sont de plus en plus des observateurs, des intégrateurs et des gestionnaires qui apportent les meilleures évolutions à l’intérieur de l’entreprise.

Ce phénomène s’exprime particulièrement dans les fonctions marketing, où le CRM, la Business Intelligence, les pilotes de projets et les stratèges, en lien avec la direction générale, sont de plus en plus en dehors de la DSI. Dans ce contexte, comment évolue la relation DG-DSI ?

Il ne s’agit pas de faire un constat négatif, mais de souligner que les enjeux se sont déplacés et que les questions autour de l’innovation le montrent bien. L’entreprise partage ces sujets plus que jamais en interne et en externe, allant jusqu’à observer les utilisateurs du grand public qui s’approprient les meilleures évolutions technologiques avant même qu’elles n’arrivent dans l’entreprise !

En fait, les DSI peuvent saisir une opportunité dans ce contexte, à condition de privilégier la veille technologique, la sélection des solutions nouvelles, la mise en place de cellules d’innovation internes pour percevoir (et s’approprier) ces nouvelles tendances et détecter des solutions innovantes et des éléments différenciateurs pour leur entreprise.

La veille technologique devient de plus en plus une veille économique. Le DSI d’aujourd’hui est plus que jamais un CIO, et probablement bientôt un CIIO, si l’on place l’innovation au centre.


DSI : soyez plus visibles !

Les DSI se préoccupent rarement de leur image interne et encore moins souvent de leur image externe. Comme d’autres managers spécialisés ou comme des directeurs généraux de PME, ils sont souvent extrêmement occupés, au quotidien, par des tâches opérationnelles et ne pensent pas toujours à se rendre visibles et soigner leur propre marketing.

Est-ce lié à leur formation d’origine et à leur diplôme d’ingénieur ? Les écoles ont ouvert relativement récemment leur formation à des modules de marketing et/ou de communication. Les générations précédentes, qui occupent actuellement les postes à responsabilités, n’ont donc pas forcément été formées à cela, même si les choses ont tendance à évoluer.

S’exposer en interne comme à l’extérieur revient toujours à faire preuve d’ouverture et de disponibilité et cela traduit parallèlement une certaine acceptation du risque dans sa fonction. Participer à des projets stratégiques et sensibles pour l’entreprise et son évolution implique nécessairement un degré supérieur d’exposition à la direction générale, aux directeurs métiers, aux fournisseurs et conseils… Que faire pour s’exposer volontairement avant d’être victime d’une mauvaise exposition involontaire ? Il faut intégrer le fait d’être visible, en interne comme en externe, comme un objectif professionnel.

Par quels moyens ? Ils ne manquent pas : intégrer dans son agenda un temps réservé à des rencontres professionnelles hors de l’entreprise, créer une fonction marketing et communication au sein de la DSI, participer à un club de réflexion spécialisé SI ou non, investir dans une formation (conduite de réunion, expression, gestion des conflits, conduite du changement), privilégier les rencontres aux communications par Internet (en interne comme en externe), valoriser les succès de ses équipes et ses propres réussites, participer à des prix, rencontrer ses homologues et les acteurs de son secteur, vérifier son employabilité et rencontrer quelques chasseurs de tête ayant bonne presse (comme Arrowman), publier des articles, participer à des forums, enseigner ou participer à des formations dans les écoles et universités, se montrer proactif pour suivre de nouvelles formations ou le pilotage de projets transversaux IT ou hors IT…

Bref, saisir toutes les (bonnes) occasions pour se faire connaître. Sans oublier d’adopter le bon ton à l’égard de chaque intervenant de son écosystème (client interne, fournisseur, conseil, journaliste) : le DSI se doit d’adopter une attitude positive !

Cet article a été écrit par Jean-Pierre Scandella (Arrowman).