La technologie Blockchain représente-t-elle une vraie rupture capable de révolutionner l’économie ? De nombreux experts en sont persuadés. Pour l’économiste américain Don Tapscott, co-auteur de l’ouvrage « Blockchain Revolution », la Blockchain est la plus importante innovation technologique. Pourquoi ?
Parce que, selon lui, c’est la première fois dans l’histoire qu’il n’y a plus d’intermédiaire pour capturer la valeur.
Il va même plus loin et anticipe la fin des entreprises et l’avènement de communautés décentralisées d’agents autonomes. Les analystes ont déjà estimé l’impact de la Blockchain : selon Gartner, la valeur créée par la Blockchain dans l’économie mondiale en 2030 atteindre 3 160 milliards de dollars, contre seulement 38 milliards en 2021. IDC a calculé que 11,7 milliards de dollars seront investis au niveau mondial (dont 50 % aux Etats-Unis), dans des projets Blockchain en 2022, contre 754 millions en 2017, et que 11 % des DSI auront déjà déployé les technologies Blockchain ou prévoient de le faire en 2019.
Mais qu’est-ce que la Blockchain ? L’association Blockchain France la définit de la manière suivante : « Technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, fonctionnant sans organe central de contrôle. » Concrètement, la Blockchain est une vaste base de données qui regroupe l’historique de toutes les transactions entre ceux qui l’utilisent. Les échanges sont ainsi enregistrés en quasi temps réel et cette base de données est sécurisée et distribuée : elle est partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne.
La technologie Blockchain a été décrite pour la première fois, en novembre 2008, pour décrire un « système de transactions électroniques non basé sur la confiance ». La Blockchain a ainsi trouvé sa première application concrète avec le Bitcoin : ni monnaie scripturale, ni monnaie fiduciaire, cette monnaie virtuelle est apparue sur fond de crise de confiance (et de crise financière…) à l’égard des monnaies nationales et des banques.
C’est donc, avant tout, un enjeu de sécurité. Les créateurs de monnaie virtuelle estiment, en effet, que le système actuel est vulnérable, car supervisé par des organisations humaines. Face à ce constat, la Blockchain est considérée comme une alternative, du fait de son caractère décentralisé et de son inviolabilité. Certains analystes décrivent la Blockchain comme un « Internet du transfert de valeurs » dans la mesure où ce transfert s’effectue en tenant à jour un « grand livre de compte » (Ledger) infalsifiable, présent à l’identique sur une multitude de machines.
L’analogie avec le fonctionnement d’Internet est claire : comme la Blockchain, Internet s’appuie sur un réseau de réseau où l’information est transmise grâce à un ensemble standardisé de protocoles de transfert de données, qui permet de nombreuses applications, comme la messagerie électronique, les discussions instantanées ou le peer-to-peer, sans que les échanges ne soient contrôlés par un point central.
On conçoit aisément que la suppression des tiers de confiance (les banques, les États, les assureurs, les notaires, les acteurs de l’économie collaborative…) permise théoriquement par la Blockchain remette en cause l’ordre traditionnel tel que nous le connaissons, en remplaçant les infrastructures basées sur des tiers de confiance par une nouvelle infrastructure de confiance décentralisée, anonyme, sûre, moins coûteuse et plus fiable…
Au-delà de la monnaie virtuelle, les applications potentielles de la Blockchain sont multiples, par exemple pour le trading des valeurs financières, la gestion du cadastre, les paiements internationaux, le registre des œuvres d’art… Autant d’applications qui visent à la fois à réduire les coûts, simplifier les échanges, garantir l’intégrité et la traçabilité des transactions.
Selon une étude du cabinet de conseil Boston Consulting Group et du Medef, les applications les plus fréquentes de la Blockchain nombreuses :
- Améliorer la traçabilité de la chaîne alimentaire afin de limiter la fraude sur la qualité et la nature des produits alimentaires.
- Améliorer la traçabilité des conteneurs et de leur marchandise afin de réduire le temps de transport, la fraude et les erreurs d’aiguillage.
- Permettre l’échange de données sur la santé des patients de manière sécurisée.
- Permettre d’établir numériquement des documents légaux (par exemple les diplômes) de sorte qu’ils soient infalsifiables et vérifiables par tous.
- Développer et rendre infalsifiable le vote électronique.
- Améliorer la transparence sur l’usage qui est fait des dons aux associations d’aide humanitaire.
- Permettre le stockage cloud distribué pour éviter la concentration de l’information dans les datacenters de quelques acteurs majeurs du stockage en ligne.
- Permettre la rétribution des collaborateurs en fonction de leur investissement pour mieux valoriser les contributions de chacun dans le cadre d’un projet.
- Lutter contre la contrefaçon de produits de luxe.
- Protéger la paternité, la propriété et l’authenticité d’une oeuvre dans la blockchain.
- Mettre en place un système de paiement direct des artistes sur une plate-forme de streaming.
- Permettre la communication autonome et décentralisée entre objets connectés au sein d’une maison intelligente
Toutefois, avant de mettre en œuvre la Blockchain, il faut être conscient des cinq principaux obstacles, notamment la qualité du business case, les aspects réglementaires, l’incertitude sur le retour sur investissement sans oublier les budgets nécessaires.