Les Etats-Unis confrontés à la fracture numérique

Dans la course à la numérisation, qui court le plus vite ? Les consultants de McKinsey ont entrepris de mesurer les écarts qui existent entre les entreprises, selon qu’elles sont matures ou non en matière de transformation numérique. « Beaucoup d’entreprises éprouvent des difficultés à se transformer suffisamment rapidement et il n’y a pas de ligne d’arrivée », déplorent les auteurs de l’étude.

Les secteurs les plus avancés concernent la finance, l’assurance, les médias et, bien sûr, les entreprises des technologies de l’information. À l’autre bout du spectre, la santé, le secteur public et le BTP apparaissent très en retrait. Les premiers sont bien positionnés pour « capturer des parts de marché et améliorer leur rentabilité, voire remodeler leur industrie », notent les auteurs de l’étude, pour qui « la combinaison de la connectivité, des plateformes, des données et des logiciels crée un cercle vertueux d’innovation. » Plusieurs facteurs expliquent que les entreprises ne progressent pas au même rythme :

  • La taille de l’organisation : les plus grandes adoptent le numérique plus rapidement que les autres (sauf les start up technologiques), quel que soit le secteur d’activité.
  • La complexité des métiers dès lors qu’il faut coordonner de multiples implantations, fournisseurs ou une chaîne logistique étendue.
  • L’importance du savoir nécessaire (nombre de knowledge workers), que l’on trouve plus souvent dans la finance ou les services, avec un focus sur la productivité.
  • L’intensité de la concurrence, en particulier de la part d’acteurs qui se focalisent sur des modèles de rupture.

L’écart entre les entreprises s’est-il réduit ? En apparence seulement, estiment les consultants de McKinsey : « L’écart se creuse au fur et à mesure, les utilisateurs les plus avancés progressant très vite », même si, d’une manière générale, la plupart des entreprises se sont investies dans la transformation numérique. « Elles ne capitalisent pas sur toutes les opportunités des technologies et, de fait, apparaissent en retrait par rapport aux entreprises qui ont réellement transformé leur cœur de métier et les relations avec leurs clients. La transformation numérique est à haut risque, mais aussi à forte rentabilité. »

Il n’y a évidemment pas de formule magique pour réussir la transformation numérique, il ne suffit pas d’acquérir des solutions technologiques : « La création de valeur réside dans une combinaison astucieuse des actifs numériques et des compétences », rappellent les auteurs.

McKinsey a élaboré un indicateur, basé sur 27 critères (investissements IT, part du marketing numérique, volumes de données stockées, usage des réseaux sociaux, degré d’automatisation du back office, proportion de salariés utilisant des technologies…). Par rapport aux secteurs les plus avancés, l’économie américaine, dans son ensemble, n’atteint que 18 % de son potentiel numérique.

Pour les consultants de McKinsey, « la numérisation modifie les structures de coûts, fragilise les chaînes de valeur, ouvre de nouveaux marchés et intensifie la concurrence. » Comment s’y préparer ? Les auteurs de l’étude suggèrent plusieurs pistes, pour la plupart déjà connues et logiques :

  • Se préparer à affronter une concurrence à 360° : « Des acteurs qui ne ressemblent aucunement aux grands groupes auxquels ils s’attaquent peuvent devenir leaders très vite, d’où l’intérêt de disposer d’un radar pour scruter le marché, d’être constamment vigilant face aux start-up et aux nouvelles technologies », préviennent les consultants.
  • Consolider les actifs numériques, pour les données et la relation client, avec une analyse de la chaîne de valeur pour un horizon de trois à cinq ans.
  • Former (ou acheter) les compétences critiques pour le futur.
  • Saisir l’opportunité de redéfinir le parcours client : aux États-Unis, à l’horizon 2020, 42 % des ventes dans les magasins seront influencées par le Web, selon une étude de Forrester parue en septembre 2015.
  • Capitaliser sur les nouveaux modèles d’innovation, plus ouverts et plus collaboratifs.
  • Substituer l’agilité et l’apprentissage à la prévision et à la planification, car tout est question de vitesse.

 

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Digital America: A Tale of the Haves and Have-Mores, McKinsey Global Institute, décembre 2015, 120 pages. Lien de téléchargement : https://lc.cx/mckinsey.


Les quatre composantes du quotient numérique

  1. La stratégie : orientation à long terme, liens avec les métiers, focus sur les besoins des clients.
  2. La culture : appétence pour le risque, agilité, application du principe Test & Learn, collaboration interne renforcée, efforts d’innovation.
  3. L’organisation : définition des rôles et responsabilités, gestion des talents et du leadership, gouvernance et indicateurs de performance, investissements dans le numérique.
  4. Les ressources : connectivité, contenus, expérience client, automatisation des processus, adaptation des architectures IT (Two speed IT).

Source : McKinsey.