Nous voyons « se déverser » sur le marché toutes sortes de terminaux, de toutes tailles, d’ergonomies variées et pour des usages à la fois privés et professionnels. Mais quel sera le poste de travail de demain ? Il apparait clairement que la réponse à cette question n’est ni monolithique, ni figée.
La loi du pouvoir inversé : le collaborateur décide
Les usages et les comportements varient : aujourd’hui, le collaborateur a à sa disposition, dans sa sphère personnelle, une myriade de terminaux et d’applications qu’il assemble et intègre à sa guise, au fur et à mesure de ses préoccupations et de ses besoins. Il n’est plus possible de lui imposer, dans l’entreprise, de nouveaux outils contraires à son vécu personnel. Il faut donc donner le choix à l’utilisateur, qui décidera du terminal le plus approprié en fonction de beaucoup de paramètres. Le manager fait tout avec son smartphone… Le commercial préfèrera sa tablette… Le développeur conservera son PC fixe et ses deux grands écrans…
La loi de la diversité : le multi-terminal s’impose
Le poste de travail sera multiple, numérique, mobile et collaboratif. C’est un terminal d’accès aux ressources numériques et aux espaces partagés par les collaborateurs d’une organisation, permettant à ces derniers d’inventer de nouveaux modes de collaboration. Le multi-terminal est aussi un élément de résilience.
Cet environnement doit se concevoir dans une approche économique, car c’est justement la logique de l’entreprise, différente des comportements individuels. C’est une logique d’efficacité qu’il faut privilégier : un terminal doit durer plusieurs années ! Reconnaissons la véritable obsolescence technologique, mais résistons à l’obsolescence pour cause de produit démodé…
La suite de cet article présente cinq autres lois : ubiquité des données, enrichissement, e-mail notificateur, simplification maximale et accès universel. L’article propose également dix indicateurs à utiliser.
La loi de l’ubiquité des données : partout, dans le cloud
L’ubiquité des données est désormais acquise, à commencer par l’agenda et les contacts : le cloud le permet largement. En effet, la fiabilité inégalée des données dans le cloud (c’est-à-dire dans un datacenter muni de tous les dispositifs de sécurité, de redondance et de résilience : accès, énergie, climatisation, duplication des données…) conduit à y mettre une grande partie de nos données.
Mais ceci ne suffit pas : si la fiabilité du cloud est incomparable, il n’en va pas de même pour l’accès à ce cloud par l’utilisateur. Aussi, si toutes les données sont dans le cloud et accessibles de n’importe quel terminal de l’utilisateur, c’est l’ubiquité des données qui est garantie par l’entreprise, les données « vitales » seront dupliquées dans chacun de ces terminaux.
La loi de l’enrichissement : des communications unifiées
La communication s’enrichit progressivement au fur et à mesure de l’adoption de nouveaux médias : la vidéo est entrée dans les mœurs et son potentiel de déploiement reste considérable. La communication unifiée est la clé de voûte de la productivité et de la compétitivité de l’entreprise. La création de valeur vient plus de l’interaction que de la connaissance puisque, désormais, l’information est partout et librement disponible sur le Web.
Si cette communication doit faciliter la mise en œuvre de règles adaptées à l’organisation de l’entreprise et aux tâches les plus importantes, elle doit s’appuyer sur un ensemble de services mis à la disposition du collaborateur et requiert donc des terminaux adaptés. Là encore, il reviendra au collaborateur de choisir les moyens de communications les plus pertinents, de son point de vue, à un instant et dans un environnement donnés.
L’adoption de nouveaux modes de communication nécessite, surtout au démarrage, d’apporter de réels « plus » pour les utilisateurs. Plus l’usage sera facile et agréable, plus il sera adopté spontanément par les collaborateurs de l’entreprise et plus il se développera. Plus ce sera bénéfique pour l’entreprise, pourvu que les règles de communication soient bien définies. Les gains de productivité seront alors indiscutables.
La loi de l’e-mail notificateur : le modèle asynchrone
L’e-mail reste le notificateur unique, centralisé, asynchrone, indispensable, mais qui ne doit pas être une poubelle. Il reste essentiel de bien gérer les e-mails : l’urgence, l’information utile qu’il contient et à stocker dans le SI de l’entreprise, le traitement et l’archivage. Rappelons que l’e-mail n’est pas du chat, ou de la messagerie instantanée, et doit rester asynchrone ; on ne se précipite pas à l’arrivée d’un mail ! L’idéal est de disposer d’une file d’attente unique des notifications de ces communications. L’évolution des technologies de télécommunication va le permettre.
La loi de la simplification maximale : un impératif pour l’utilisateur
Les utilisateurs exigent la simplicité, que ce soit pour les équipements que l’entreprise met à leur disposition ou pour ses propres terminaux, utilisables dans le cadre professionnel (BYOD). Cette simplification est impérative pour respecter une même expérience utilisateur pour tous types de terminaux. Elle repose sur deux piliers : le recours à des applications en mode SaaS et l’utilisation systématique d’un navigateur enrichi, commun à toutes les applications et à tous les terminaux.
Une fois ces bases établies, il reste un petit nombre de cas à traiter qui amèneront à conserver quelques applications en local : la liste des contacts du collaborateur, l’agenda, l’appareil photo, la calculatrice…
La loi de l’accès universel : le portail comme support de la productivité
Plus que jamais, le portail de l’entreprise devient la clé d’accès à toutes les applications déjà en mode SaaS et l’outil indispensable du collaborateur, avec identification et authentification de ce dernier. L’objectif est bien de permettre des communications efficaces (réduction des temps morts d’appel de personnes non disponibles) et pertinentes, améliorant considérablement le délai de réalisation des tâches. Le portail traduit l’importance de structurer les échanges pour favoriser la cohérence des actions de tous les collaborateurs de l’entreprise et générer une motivation additionnelle.
Cet article a été écrit par Jacques Heitzmann, expert et analyste en stratégies « Télécoms & Convergences IP Communications ». Depuis 2002, il dirige le cabinet de conseil Jaito.
Dix indicateurs à connaître
- Le marché mondial des PC accuse une baisse de 5,2 % en unités au premier semestre 2015, selon Gartner.
- 2,5 milliards, c’est le marché combiné des PC, tablettes et smartphones en 2019, contre 1,8 milliard en 2014, selon IDC.
- La dépense mondiale en terminaux a atteint 689 milliards de dollars en 2014, contre 660 milliards en 2013 (+ 4,4 %), selon Gartner.
- En 2015, les ventes de tablettes surpasseront les ventes de PC (de bureau, de portables). Ainsi, il se vendra 349 millions de tablettes en 2015, contre 263 millions de PC. En 2014, ces deux marchés étaient relativement équilibrés (IDC).
- 37 minutes sont gagnées en moyenne, pas semaine, par les salariés qui adoptent les pratiques du BYOD, selon une étude Graham Chastney/Box.
- 9 % des DSI ont créé des politiques d’accès aux données de l’entreprise, de partage de celles-ci sur des appareils mobiles et/ou par le biais de services dans le cloud, et 74 % des DSI pensent que les initiatives BYOD peuvent aider les employés à gagner en productivité, selon une étude Intel.
- 13,9 millions, c’est le parc de tablettes en France en janvier 2015, soit 6,7 millions de plus qu’en 2013 (ComScore, Mobile Marketing Association France).
- Le coût de la gestion d’un parc d’iPad est 66 % plus élevé que celui d’un parc de tablettes Windows (Nucleus Research).
- 40 % de la croissance des marchés IT (hors télécoms), au niveau mondial, seront générés par les ventes de smartphones et de tablettes (IDC).
- 93 % des entreprises équipent leurs collaborateurs avec des PC portables (lorsque c’est pertinent), 90 % les équipent également en smartphones et une sur deux en tablettes (CSC – Baromètre de la transformation digitale).