Pour Henri Linière, DSI de Geodis et président de l’Adira (Association pour le Digital en Région Auvergne-Rhône-Alpes), le métier de DSI connaît trois transformations majeures. Avec une contrainte forte.
Comment a évolué le métier de DSI ?
L’évolution du métier de DSI ne date évidemment pas d’aujourd’hui. Je suis DSI depuis plus de vingt ans, dans des grands groupes internationaux, et on se rend compte que l’informatique est partout dans les organisations, elle touche désormais toutes les fonctions, tous les métiers. L’IT est d’ailleurs devenue l’un des budgets les plus importants, c’est le Core System des organisations. De fait, le DSI doit être de plus en plus proche des métiers, au cœur des processus et, surtout, doit être, d’une part, à l’écoute de l’innovation technologique, pour la connaître et bien mesurer en quoi elle peut apporter de la vraie valeur à l’entreprise, ainsi que du bien-être aux salariés. D’autre part, il importe de bien estimer la capacité de changement des salariés face à ces mutations technologiques.
Cette imbrication IT-métiers-processus constitue, à mon sens, la plus grande mutation de notre fonction, de moins en moins à dominante technicienne et de plus en plus au cœur des métiers. Les DSI doivent donc comprendre et maîtriser les évolutions digitales sur le cœur de métier, car il faut réagir très vite. Les fournisseurs nous aident à atteindre cet objectif, l’offre technologique est beaucoup plus fiable qu’il y a quinze ou vingt ans. La deuxième évolution majeure de notre métier de DSI concerne l’agilité. Les projets menés en mode agile sont devenus la nouvelle façon de travailler avec les utilisateurs. D’autant que nous sommes présents dans de nombreux pays, où se pose la problématique des ressources humaines. Nous avons besoin de recruter et il faut demeurer attractifs, pour continuer à attirer les bonnes compétences, car nous faisons toujours face à des taux de turnover importants. La troisième transformation porte sur la cybersécurité, pour protéger nos business, car nous sommes tous à risque. Il faut vraiment beaucoup investir pour protéger nos actifs. C’est l’un des rôles majeurs des DSI, épaulés par les RSSI, dont l’importance s’est considérablement renforcée, dans des environnements très instables.
Quelles sont les contraintes du métier de DSI ?
La principale contrainte est le raccourcissement des délais : tout doit aller très vite, mais, en informatique, tout n’est pas compressible à l’extrême. Quel que soit le projet, cela nécessite de prendre le temps de la réflexion, pour savoir ce que l’on veut en termes de fonctionnalités, d’impact de changement et de process d’organisation. C’est indispensable si l’on veut pouvoir continuer à travailler correctement, avec les bonnes méthodes et embarquer les équipes. Les méthodes agiles nous aident beaucoup, mais n’oublions pas que l’informatique est toujours le reflet de choix d’organisation et de gestion. On nous demande de faire du Quick and Clean, ce qui impose de trouver un bon équilibre. Quant aux budgets, qui pourraient être considérés comme une contrainte forte, j’observe qu’aujourd’hui, la plupart des dirigeants sont imprégnés de numérique et ont intégré le fait que l’informatique, les systèmes d’informations et le digital sont au cœur du business.
L’Adira (Association pour le Digital en Région Auvergne-Rhône-Alpes) et dont vous êtes le président, vient de fêter ses 50 ans, quel bilan tirez-vous ?
Nous avons réussi à réunir 450 personnes lors de notre événement qui s’est déroulé le 2 décembre 2019 à Lyon. Dans le monde des technologies de l’information où beaucoup de mastodontes n’ont pas survécu, nous sommes toujours là. Les DSI sont challengés par le digital et avec ce virage, très disruptif, ils ont plus que jamais besoin d’accompagnement, notamment les PME, très présentes au sein de l’Adira.
L’ambition de l’Adira est d’élargir sa cible historique (les managers de SI) et, bien sûr, de rajeunir son audience. Cela nous oblige à nous remettre en cause. Nous avons d’ailleurs un Shadow conseil d’administration, avec des jeunes qui nous apportent des idées. Pour mieux connaître nos adhérents, nous avons mis en œuvre un CRM, qui sera déployé en 2020. Au sein de nos 19 groupes de travail, nous abordons les sujets concernant l’ensemble de la chaîne de valeur IT, depuis l’architecture et la gouvernance jusqu’à la transformation digitale, en passant par les aspects juridiques, la cybersécurité, les data et le capital humain.