L’entreprise libérée est-elle le saint Graal de tout dirigeant ? Les ouvrages sur les manières de repenser le management, de « réinventer les organisations », d’insuffler un vent de liberté, d’autonomie ou d’agilité, foisonnent.
Ils prônent une approche en rupture avec ce que les entreprises pratiquent depuis des décennies, avec des organisations en silos, des couches hiérarchiques sclérosées, des reportings inutiles et des modes de décision biaisés. Dans son ouvrage sur l’entreprise libérée, Henri Chelli, propose une bonne synthèse de ce qu’est (et de ce que n’est pas…) une organisation libérée. « Cela signifie libérer la réactivité, la créativité et l’efficacité des ressources. » Partant de ce constat, on imagine bien que les ressources en question, ce sont les individus. C’est évidemment la philosophie de l’entreprise libérée : elle se traduit, comme l’explique très bien Henri Chelli, par le bannissement du management hiérarchique, la responsabilisation, la recherche de sens pour les tâches individuelles et collectives, l’autonomie et la réactivité des équipes, la modification des relations de pouvoir et des relations humaines, ainsi que par la primauté de la compétence sur le statut hiérarchique. Autrement dit, il s’agit de « faire sauter les verrous et les freins. »
L’entreprise libérée, une affaire de coaching
On perçoit, d’emblée, l’importance et l’enjeu du coaching (individuel et d’équipes) pour avancer dans cette direction. Henri Chelli le suggère : « Un coaching d’équipe ou personnalisé peut devenir nécessaire. Il ne s’agit pas de mesurer le niveau de compétence des individus, mais ses potentialités à en acquérir de nouvelles. Le coaching est un moyen de soutenir les messages dans l’évolution des relations entre les équipes. »
On peut d’ailleurs faire une analogie avec les principes de l’analyse transactionnelle, qui ne s’applique pas seulement à des individus, mais aussi à des groupes d’individus et, de fait, à une entreprise, communauté d’individus. Rappelons que l’analyse transactionnelle distingue trois états du moi : le Parent (symbole des normes, des contrôles, des valeurs…), l’Adulte (garant des processus, des méthodes, des moyens, de la responsabilisation, de l’autonomie…) et l’Enfant (motivation, créativité…).
Quand l’individu devient Adulte
On retrouve ces trois niveaux dans les entreprises. Ainsi, lorsque, dans une entreprise, les individus deviennent des Adultes, ils pourront tous être responsables, prendre de meilleures décisions et être autonomes. Résultat : une cohérence s’établit entre ce que sont les individus et ce qu‘ils devraient être, c’est le principe fondamental de tout coaching. On imagine facilement la puissance de ce principe lorsqu’il se diffuse dans les organisations : les membres d’un comité de direction qui se libèrent, grâce à un coaching pertinent, vont, à leur tour, insuffler à leurs N-1 un tel esprit. Et si l’on coache plusieurs dizaines de collaborateurs, pour les accompagner vers une position d’Adulte, ils diffuseront eux-mêmes ce qu’ils ont appris ! Pourquoi ? Parce qu’ils auront à cœur de transmettre ce qu’ils auront acquis : une meilleure connaissance d’eux-mêmes, un détachement face au regard des autres, une prise de distance face à leurs schémas mentaux, une réelle autonomie dans leurs tâches, l’assumation de leurs responsabilités et de leurs décisions, de plus en plus souvent co-créées avec leurs équipes.
Pas d’entreprise libérée sans individus libérés
Au-delà de la mise en place de processus spécifiques, de structures adaptées et d’une gouvernance basée sur la confiance, le facteur humain constitue donc la clé de voûte de l’entreprise libérée. Elle introduit de la cohérence, de la simplicité et de l’innovation, dont l’efficacité repose sur l’engagement des individus à les développer dans leurs organisations. C’est donc l’individu libéré qui détermine le succès de l’entreprise libérée.
Certes, le chemin vers l’entreprise libérée peut paraître ardu à de nombreux managers et dirigeants, tentés de renoncer. Mais le recours au coaching permet déjà de faire un grand pas en avant : « il n’y a pas besoin de libérer toute l’entreprise pour commencer à libérer les esprits ! »
Cet article a été rédigé par Laurence Darnault, coach de dirigeants, fondatrice du cabinet Harveston.