L’internet des objets suscite une abondante littérature, en particulier pour en montrer les opportunités. Le cabinet de conseil McKinsey a d’ailleurs mentionné l’Internet des objets dans sa liste de douze technologies de rupture, aux côtés de nombreux domaines proches, comme les véhicules autonomes, la robotique avancée ou l’Internet mobile.
Cette technologie suscite un intérêt grandissant de la part des entreprises. Selon une étude Vanson Bourne, 82 % des PME américaines estiment que l’Internet des objets crée des nouvelles opportunités de business.
De fait, l’Internet des objets est déjà une réalité technologique et business : fin 2013, l’IDATE estimait qu’en 2012 il existait déjà 15 milliards « d’objets » connectés dans le monde, toutes catégories confondues. Ce chiffre pourrait atteindre 80 milliards en 2020. Dans une étude publiée en juin 2014, IDC prévoit que le marché de l’Internet des objets pèsera 7 100 milliards de dollars US en 2020. Selon une étude d’IDC France sur les investissements des DSI pour 2015, l’internet des objets figure en bonne place : un DSI sur deux a indiqué s’y intéresser.
De multiples applications
La spectaculaire diminution du prix des composants électroniques, alliée aux possibilités de miniaturisation, offrent des relais de croissance pour les entreprises, en particulier pour l’électronique grand public et les industriels de l’électro-ménager, avec des produits plus intelligents, plus innovants, générateurs de marges, à terme, et de valeur ajoutée pour les consommateurs. Les objets connectés trouvent également leur place dans le monde de la santé, de la sécurité, de la maison connectée ou de la maintenance.
Un terreau fertile pour les start-up
L’internet des objets constitue un terreau favorable pour l’éclosion de start-up. Beaucoup se sont positionnées sur ce créneau, domaine où s’exerce d’ailleurs une forte créativité des ingénieurs, s’exprime des vocations d’entrepreneurs, et fait émerger des compétences nouvelles. D’après le cabinet Gartner, à l’horizon 2017, 50 % des objets connectés seront issus des jeunes start-up de moins de trois ans.
En tirant partie de l’électronique à faible coût, des possibilités de l’impression 3D et des logiciels open source, les start-up et les « makers » (inventeurs qui conçoivent et fabriquent des produits en s’appuyant sur des outils de conception numérique), seraient ainsi les moteurs de l’adoption et de l’utilisation de l’Internet des objets, estiment les spécialistes de Gartner.
Trois écueils à éviter
Mais, outre les contraintes techniques (sécurité, plateformes d’échanges de données…), les acteurs de l’Internet des objets se heurtent à trois difficultés majeures : ignorer la logique industrielle, ne pas intégrer le digital et sous-estimer la reconfiguration des compétences.
Tout d’abord, l’Internet des objets relève d’une vraie logique industrielle, à la différence de business modèles basés seulement sur le Web que beaucoup de start-up privilégient. Une telle approche industrielle suppose une surface financière significative et des investissements conséquents en marketing et en logistique.
Ensuite, il convient d’articuler cette approche industrielle avec une véritable stratégie digitale, elle aussi incontournable dans le monde de l’Internet des objets, dès lors que l’on s’adresse à une base élargie de consommateurs. Le digital permet non seulement de garder un contact étroit avec les consommateurs et les prospects, de renforcer leur expérience client, mais aussi d’exploiter d’énormes gisements de données générées par les capteurs sur les objets connectés.
Associer des compétences techniques, marketing et digitales
Enfin, l’Internet des objets redessine les contours des compétences. Tant l’approche industrielle que l’approche digitale consomment des ressources humaines. De nouveaux métiers et compétences doivent être mis en place dans les entreprises, afin d’intégrer et de gérer les projets et applications basés sur l’Internet des objets.
Ces nouveaux métiers concernent notamment la création et l’implémentation des objets et des interfaces, ainsi que la gestion des données. Cela concerne également les métiers d’ergonomes pour la création des objets connectés adaptés aux conditions de travail et d’usage. Et, évidemment, pour les profils d’ingénieurs, la prise en compte des dimensions marketing et digitale, sans lesquelles l’internet des objets ne pourra tenir toutes ses promesses…