Master Data Management : le retour ?

Au début des années 2010, le MDM (Master Data Management) a bénéficié d’un intérêt marqué de la part des DSI. Puis cette thématique semble avoir été éclipsée, probablement sous l’effet de préoccupations considérées comme plus stratégiques (transformation, digitale, cybersécurité, Digital Workplace…).

Assiste-t-on à un retour du MDM, que Gartner définit comme « une discipline basée sur la technologie dans laquelle les entreprises et les fournisseurs IT collaborent pour garantir l’uniformité, l’exactitude, la bonne gouvernance, la cohérence sémantique et la responsabilité de leurs données de référence officielles et partagées » ?

Les analystes estiment que « le marché du MDM continue d’évoluer et de prospérer. Les entreprises cherchent à bénéficier de l’agilité offerte par une maîtrise de leurs données les plus critiques, en particulier dans une période caractérisée par de nombreux bouleversements. Ainsi, les experts en data et analytique devraient se concentrer sur les besoins exprimés par les entreprises afin d’orienter leurs choix en matière de solutions de MDM. »

Pour Hervé Chapron, directeur général Europe de Semarchy, un éditeur d’une plateforme pour rassembler au sein d’un data hub unique leurs données de référence dispersées dans diverses applications, « c’est le signe, d’une part, que l’on parle de plus en plus de gouvernance des données, dont l’un des piliers sont les solutions de MDM et, d’autre part, qu’il n’existe de plus en plus d’applications qui doivent partager les données, de façon simplifiée et avec une vision à 360°. » Les analystes de Gartner rappellent que les Master Data s’appliquent à tous les domaines : les clients, les actifs, les produits, les collaborateurs, les fournisseurs.

A cela s’ajoutent « la multiplication des cas d’usages pour les métiers et les préoccupations de qualité des données, alors qu’auparavant, l’approche était très centrée sur les aspects technologiques de création d’un référentiel », observe Julien Peltier, directeur avant-vente et consulting chez Semarchy.

Mettre en œuvre un programme de MDM suppose, selon les analystes de Gartner, de travailler sur six problématiques :

– le périmètre (un préalable),

– les indicateurs (pour associer les données à la valeur métier),

– la gouvernance,

– l’organisation et la définition des responsabilités,

– les processus,

– les technologies.

Gartner formule plusieurs recommandations : « Ne débutez pas par la technologie ; pensez grand mais commencez petit ; mesurez régulièrement les progrès et travaillez avec des partenaires qui disposent d’une expertise dans votre métier », résume Amanda Pagay, consultante chez Gartner.

Pour Hervé Chapron, « la notion de donnée de référence est propre à chaque entreprise, mais pour réussir un projet dans ce domaine, il est nécessaire d’élaborer une vraie vision, d’affirmer le leadership avec un vrai business case. »

L’un des facteurs accélérateurs du marché du MDM concerne la montée en puissance des équipes Data en dehors de la DSI et du métier de CDO (Chief Data Officer). Selon le Gartner Chief Data Officer Survey 2022, six CDO sur dix occupent leur poste depuis moins de trois ans (dont un sur cinq depuis moins d’un an), signe que la profession se diffuse dans les entreprises.

Et 17 % reportent directement à la direction générale, indice que la data est de plus en plus considérée comme un actif stratégique. « Les CDO facilitent le changement de posture et de culture vis-à-vis de la donnée, d’autant que beaucoup de programmes de transformation data ont été des échecs, faute d’avoir instauré une collaboration étroite entre les DSI et les métiers », assure Julien Peltier. Reste à mener à bien l’énorme chantier qui consiste à mettre de l’ordre dans les données avec les bons outils…