Mauvaises pratiques : un grand classique

Le rapport de la Cour des Comptes, publié en février 2020, revient sur le système d’information des ressources humaines de l’éducation nationale (*), le qualifiant de « modernisation dans l’impasse ». Les auditeurs estiment que « le programme ambitieux Sirhen, réponse globale à l’obsolescence des SIRH historiques du ministère, a connu une conduite heurtée provoquant des dérives nombreuses.

Malgré une tentative de relance en 2017, des défaillances rédhibitoires ont conduit à son arrêt. Aujourd’hui, après treize années et 400 millions d’euros investis dans un outil voué à disparaître, le ministère est revenu au point de départ pour moderniser son système d’information des ressources humaines. » La Cour des Comptes a constaté que « les recommandations formulées n’avaient pas été mises en œuvre, ou très partiellement, et que le ministère avait échoué à redresser le projet. »

Les raisons de cet échec tiennent à une absence de contrôle dans quatre domaines, autant de sources de dérives qui menacent tous les projets, a fortiori ceux dont l’enjeu stratégique est majeur. Le premier concerne les aspects financiers, avec « une dérive continue des coûts et des délais malgré la multiplication des audits, l’incapacité à stabiliser délais et coûts et l’absence de mise sous contrainte financière », souligne la Cour des Comptes.

Le deuxième porte sur la gouvernance défaillante : « introuvable », note la Cour des Comptes, avec, en outre, « un déficit de contrôle des prestataires », probablement les seuls gagnants dans l’histoire, ayant engrangé une partie du budget dédié à ce projet mort-né. Troisième domaine de vulnérabilités : la mauvaise maîtrise du temps, « les défauts ont été trop tardivement corrigés ». Enfin, on note une absence de vision : l’arrêt du projet a été « décidé sans stratégie alternative », souligne la Cour des Comptes.


(*) Le rapport complet est disponible via ce lien : www.ccomptes.fr/system/files/2020-02/20200225-08-TomeII-Sirhen.pdf