Les économistes spécialistes de l’analyse des systèmes mettent en avant le fait que l’évolution d’un système (social, économique, organisationnel, technique…) repose généralement sur quatre modes de développement : un mode de production des biens, un mode de reproduction des individus, un mode de régulation politique et un système de représentation idéologique.
C’est, historiquement, ce qui a modelé la plupart des grandes évolutions économiques et que l’on retrouve aussi bien dans les systèmes féodaux, capitalistes ou communistes. Cette typologie s’applique également à la transformation des systèmes d’information.
En effet, pour chacun, on trouve cette combinaison d’un mode de production (et d’usage) des biens matériels et immatériels (logiciels, matériels, infrastructures), d’une évolution des compétences et des ressources humaines, d’un mode de régulation que l’on appelle aujourd’hui gouvernance, et d’un ensemble de représentations idéologiques. Rappelons qu’il s’agit d’un « ensemble d’idées, de croyances propres à une époque ».
Elles s’expriment aujourd’hui avec des valeurs positives associées aux technologies de l’information (progrès, collaboration, valeur…) et à la transformation numérique. On ne peut comprendre celle-ci qu’en ayant à l’esprit l’action de ces quatre éléments qui, combinés, dessinent ce qu’est et ce que sera la transformation numérique : la manière de produire des biens et des services change, les compétences se reconfigurent et une gouvernance s’impose pour éviter les incohérences. Il n’y a guère que les représentations idéologiques qui ne changent pas : les technologies de l’information ont toujours été parées de toutes les vertus…