L’économie numérique souffre toujours d’un étrange paradoxe : à l’heure du Big Data et de l’intelligence artificielle, personne n’est encore capable d’évaluer le poids du numérique dans l’économie. C’est l’un des points abordés par l’Insee, dans l’édition 2019 de son étude sur « l’économie et la société à l’ère du numérique ».
En 2007, l’OCDE avait défini les secteurs des technologies de l’information et des contenus et supports de plus en plus produits et diffusés de manière numérique. Si ces définitions font encore aujourd’hui référence, « elles ne permettent pas d’identifier les secteurs qui ont été profondément transformés par le numérique, notamment les entreprises qui ont créé de nouveaux biens et services nativement numériques », souligne l’Insee. Sans parler des nouveaux modèles économiques, de la désintermédiation et de la transformation des chaînes de valeur.
La statistique publique ne dispose toujours pas de toutes les données et nomenclatures pour mesurer pleinement l’ampleur de ces transformations économiques. De fait, les approches sectorielles classent encore les entreprises selon leur activité principale, indépendamment de leur degré de numérisation. Par exemple, Amazon est classé dans le commerce, plus précisément dans la vente à distance sur catalogue général, et échappe ainsi aux activités relevant des technologies de l’information.
De plus, des entreprises « traditionnelles » qui se numérisent et des entreprises « numériques » ayant certaines fonctions traditionnelles coexistent dans un même secteur d’activité. « Mesurer l’impact économique du numérique reste une gageure ou un défi statistique et intellectuel », estiment les experts de l’Insee. Avec une définition extensive prenant en compte le degré de numérisation des secteurs par l’intensité de leur recours aux TIC, 80 % de l’économie française serait concernée par la numérisation, assure l’Insee. De quoi légitimer le rôle de tous ceux qui en ont la charge dans les entreprises.