Le terme ubérisation était populaire depuis plusieurs années pour décrire le fait qu’une entreprise casse les règles d’un marché pour s’y installer et fragiliser des concurrents, souvent des acteurs historiques bien installés sur leurs parts de marché, voire leurs rentes.
C’est possible parce que les nouveaux entrants modifient les coûts de transaction, redéfinissent la proposition de valeur et les modes de distribution, réinventent les offres et fluidifient l’expérience client. Mais ce terme d’ubérisation est à ranger aux oubliettes : car Uber en a été victime et prévoit 6 700 suppressions de postes, soit un quart de ses effectifs.
Ce n’est pas un concurrent qui l’y oblige en disruptant un business model, mais la crise sanitaire. Les effets sont identiques sur le chiffre d’affaires, avec une chute beaucoup plus brutale qu’avec l’ubérisation, face à laquelle les entreprises victimes peuvent, en principe, mieux se préparer. Le terme ubérisation pourrait être remplacé, au moins temporairement, par celui de « covidisation » pour décrire les entreprises qui disparaîtront, ou qui seront confrontées à des difficultés majeures pour rester sur leur marché. I
l pourrait également s’appliquer aux scénarios de risques, que ne manqueront pas d’élaborer toutes les entreprises, du moins en principe, pour faire face à toute nouvelle catastrophe, naturelle, sanitaire, technologique, géopolitique ou autre, susceptible de casser un outil de production en quelques jours. En attendant la popularisation d’un nouveau terme à l’aune d’une prochaine crise locale ou mondiale…