La plupart des entreprises du Web qui ont réussi à s’imposer, jusqu’à devenir, pour certaines, des leaders mondiaux, reposent sur le principe des plateformes qui mettent en relation des acheteurs et des vendeurs, à l’image de Booking, Airbnb, Uber, Blablacar…
Ce modèle de plateforme peut également se décliner à plus petite échelle, par exemple lorsqu’il d’agit d’introduire de l’agilité, de l’innovation, de développer une culture de services basée sur l’intensification des relations avec les clients ou de s’adapter aux usages du marché et éviter ainsi d’affronter des ruptures brutales aux conséquences catastrophiques.
Une telle approche suppose trois prérequis : d’abord, faire évoluer les architectures existantes. « Pour s’interfacer rapidement avec une plateforme business existante ou alors pour participer au développement d’une nouvelle, la DSI est amenée à faire évoluer son architecture vers de la modularité, de la flexibilité, le tout de façon sécurisée. Tout type de technologie doit pouvoir être implémenté sur la plateforme IT », soulignent les auteurs de cette nouvelle étude publiée par le Cigref.
Ensuite, capitaliser sur les données est également indispensable dans la mesure où elles sont le carburant des plateformes qui ne peuvent fonctionner sans une information complète, pertinente, validée et gérée en temps réel pour réaliser des transactions qui créent de la valeur. « L’écosystème de la plateforme doit impérativement posséder les données pour s’organiser en cycle court : tester des relais de croissance ou produire de nouveaux modèles d’affaires en rupture. La plateforme doit offrir une qualité de service irréprochable en constante amélioration tout en assurant la confiance autour des données. La simplicité de l’interface utilisateur est clé : toute la complexité doit être gérée par la plateforme. »
Enfin, disposer des bonnes compétences, basées à la fois sur une culture technologique et une culture de la donnée : « Chaque entité de l’entreprise doit être responsable de produire de la donnée et de la valoriser. La culture d’entreprise doit également favoriser l’ouverture vers les autres équipes », note le Cigref, pour qui, « avec les plateformes, les grandes entreprises et administrations publiques peuvent s’adresser directement à la diversité de ceux qui consomment leurs services par le biais des communautés, des réseaux sociaux et en retirer des données sur leurs achats et usages. »
Evidemment, il ne suffit pas de vouloir mettre en place une plateforme pour qu’elle réussisse. Le Cigref met en exergue plusieurs causes d’échec, en particulier le manque d’ouverture sur le marché, le refus des parties prenantes de partager la valeur créée, un timing qui n’est pas adapté (trop tôt, trop tard…) et, surtout, un manque de confiance des utilisateurs.
A l’inverse, il existe plusieurs critères de réussite. Il est d’abord essentiel de jouer sur l’effet réseau, selon le principe de la loi de Metcalfe : la valeur et l’utilité d’un réseau est proportionnelle au carré du nombre de ses utilisateurs. Il faut ensuite travailler sur les critères de correspondance entre ceux qui offrent (des produits, des services, des informations, des relations…) et ceux qui consomment : la pertinence et la personnalisation sont essentielles.
Enfin, sur le plan opérationnel, une plateforme doit assurer une fluidité dans le traitement des transactions : « l’objectif est de limiter au maximum les frictions lors des transactions et d’assurer la scalabilité rapide de la plateforme tout en assurant la sécurité », souligne l’étude du Cigref.
L’IT au cœur des plateformes
Dans tous les cas, l’IT doit accompagner la stratégie de plateforme, elle en fait partie intégrante : « La technologie joue un rôle prépondérant dans les plateformes business. C’est pourquoi il est primordial de faire intervenir l’IT dès la réflexion stratégique afin de la nourrir et de donner les éléments structurants pour les choix techniques. »
C’est une composante essentielle, car les choix techniques conditionnent la structure et la performance de la plateforme. Il faut notamment garantir, avec une stratégie d’urbanisation, la cohabitation entre la plateforme et le système d’information existant.
Pour le Cigref, « il est par conséquent impératif de moderniser le cœur du SI pour qu’il supporte cette cohabitation. Cela amène à mettre en place une architecture hybride. Le système d’information est également transformé pour assurer sa modularité et pouvoir ainsi implémenter de nouvelles fonctionnalités dans les temps impartis. Enfin, la gestion des données et des opérations doit être « industrialisée » pour assurer la scalabilité rapide. En effet, le démarrage se fait à petite échelle pour tester le concept, mais cela ne doit pas empêcher d’anticiper une forte croissance dès le départ. »
Nouvelles stratégies de plateforme, Cigref, décembre 2019, 36 pages. www.cigref.fr
Les quatre types de plateformes
- Les entreprises « plateformes », par exemple Alibaba, Airbnb, Facebook, Netflix…
- Les plateformes digitales, par exemple les sites Web de e-commerce ou qui servent à améliorer l’expérience client.
- Les plateformes IT, qui sont des facilitatrices pour implémenter différentes technologies en fonction des besoins.
- Les plateformes business, représentatives des écosystèmes. •
Source : Cigref.