Le 24 mars 2016 a eu lieu la remise des Trophées des utilisateurs Oracle, cérémonie organisée par l’AUFO (association des utilisateurs francophones d’Oracle), qui récompense les meilleurs projets. Ce genre d’événement est relativement courant et il présente l’avantage de mettre en valeur les DSI qui ont œuvré au service des métiers.
Mais entre la liste des lauréats, annoncée avant l’évènement, et la cérémonie, l’un d’entre eux a disparu. Comme à la bonne époque de l’URSS où l’on faisait disparaître des photographies officielles ceux dont on voulait se débarrasser ! Non pas que les organisateurs des Trophées avaient honte… Mais la direction de la communication de cette entreprise lauréate pour la catégorie « transformation opérationnelle », un fabricant de pneus bien connu, a cru bon de faire du zèle. D’où l’interdiction faite aux équipes de la DSI de venir mettre en valeur leur action dans le cadre d’un programme de pilotage d’entreprise.
C’est un bon exemple (ou plutôt un mauvais) de l’immixtion de communicants dans une sphère de compétence où ils n’ont rien à faire. Par définition, les communicants raisonnent avec la peur comme principe : peur que des concurrents volent les bonnes idées de l’entreprise pour laquelle ils travaillent ; peur que des DSI se mettent en valeur et fassent de l’ombre à d’autres ; peur de dévoiler une stratégie que tout le monde connaît ; peur d’une médiatisation qu’ils ne contrôlent pas…
En réalité, l’effet est contre-productif et fait apparaître ce fabricant de pneus comme peu innovant. Ce n’est pas pour rien que, dans son rapport annuel 2015 de 320 pages, ce groupe ne cite pas une seule fois le système d’information comme élément de compétitivité. En revanche, il figure en bonne place au chapître « facteurs de risques », avec « plusieurs milliers d’applications, un millier de serveurs principaux et une centaine de centres informatiques ». Les communicants devraient apprendre dans leurs écoles que les entreprises qui ont institué la peur d’innover ne vont jamais très loin…