Il arrive que la stratégie des grands fournisseurs soit déroutante. Après avoir investi près de soixante milliards de dollars (même si ce sont en partie des actions, ça fait beaucoup…) pour acquérir plusieurs éditeurs (Peregrine, Mercury, Vertica, Autonomy, ArcSight), HPE a cédé le tout pour seulement 8,8 milliards de dollars (à Micro Focus). Vu de l’extérieur, cette stratégie peut avoir six justifications.
- Soit les dirigeants de HPE n’ont pas une vision stratégique claire, ce qui les a contraints un jour à investir sur un créneau de marché pour, un autre, se dire que, non, finalement, ce n’était pas la bonne approche !
- Soit ces mêmes dirigeants (et leurs financiers, qui doivent pourtant avoir un CV en béton…) se sont faits « enfumés » par ceux dont ils ont racheté les actifs et leur ont fait miroiter une bonne affaire pour amortir leurs investissements conséquents : on se souvient des pratiques douteuses des dirigeants d’Autonomy, accusés d’avoir maquillé leurs comptes et obligé HPE à provisionner 8,8 milliards après le rachat.
- Soit les commerciaux chargés de vendre les solutions logicielles chèrement acquises n’ont pas réussi (d’où un plongeon du chiffre d’affaires), parce qu’ils n’étaient peut-être pas très motivés…
- Soit la culture d’un constructeur n’a pas collé avec la culture du monde du logiciel.
- Soit les investisseurs institutionnels d’HPE (essentiellement des fonds de pension) sont aveugles et/ou ne connaissent rien aux marchés dans lesquels ils investissent, pour ne pas avoir questionné la pertinence à long terme des acquisitions.
- Soit effectivement le marché n’est pas favorable, mais le marché mondial des logiciels affiche des taux de croissance plutôt corrects (5,8 % en 2016, selon Gartner).
C’est probablement la conjugaison de ces six facteurs qui expliquent le remodelage du périmètre d’HPE. Certains « ex-leaders sur leur marché » ont disparu (Digital) ou ont été absorbés (Bull) pour moins que ça… Les dirigeants d’HPE pourront toujours reprendre à leur compte la célèbre expression de François Hollande : « On n’a pas eu de bol… »