Relations DG-DSI : un état des lieux

Une enquête réalisée fin 2013 par A2JV pour le compte de l’ADN Ouest (association des décideurs du numérique de l’Ouest) dresse un état des lieux des relations entre les DSI et leurs patrons.

À l’occasion du séminaire sur les relations DSI-DG organisé en décembre 2013 à Nantes par ADN Ouest, en partenariat avec Best Practices Systèmes d’Information, ont été rendus publics les résultats d’une enquête réalisée par la société A2JV, spécialisée dans les baromètres professionnels et qui a interrogé une centaine de DSI, dont 80 % représentent des entreprises de plus de 250 salariés.

Dans ces entreprises, les DSI sont majoritairement rattachés à la direction générale (41 %) ou à un DG adjoint (16 %). Un DSI sur quatre est rattaché à la direction financière. Les DSI interrogés estiment, pour les trois-quarts d’entre eux, qu’il est essentiel d’être rattaché à la direction générale. Sont-ils pour autant satisfaits de leur positionnement dans l’entreprise ? Quatre sur dix le sont totalement, un sur trois est « plutôt » satisfait et un sur trois également ne l’est pas. Participer au comité de direction est un autre souhait des DSI (à 80 %), mais, dans les faits, moins de 50 % en font partie comme membre permanent, un sur cinq n’y participant jamais…

Sur une échelle de 1 à 10, les DSI ont plutôt placé la barre haute quant à l’état de leurs relations avec la direction générale : la note moyenne atteint 8,1. Quatre DSI sur dix affirment ainsi que les relations avec la DG sont « très bonnes » et « bonnes dans 60 % des cas, signe qu’un climat de confiance s’est installé. Les directions générales sont essentiellement exigeantes en matière d’accompagnement de la stratégie, de maintien en conditions opérationnelles du système d’information, de maîtrise des coûts et des délais des projets numériques. À l’inverse, elles le sont beaucoup moins sur l’intégration des dernières technologies et l’innovation…

Pour leur part, les DSI interpellent leurs directions générales plutôt sur les aspects stratégiques, les arbitrages et l’organisation. Plus précisément, les DSI souhaitent avant tout que leur direction générale exprime clairement la stratégie, fournissent les moyens pour l’accompagner et intègrent davantage le numérique dans la stratégie d’entreprise.

À terme, une majorité de DSI (neuf sur dix) s’accordent pour qualifier de « sereines » leurs relations avec les DG, même si, pour un DSI sur quatre, elles seront « sereines sans synergie ». Les tensions ne sont redoutées que par 14 % des DSI. C’est peu, mais c’est déjà beaucoup…

 


Ce que les DSI ne devraient jamais dire à leurs DG

  • Sans le système d’information, l’entreprise ne fonctionnerait pas.
  • Ce n’est pas possible ou pas encore possible techniquement.
  • C’est trop technique, vous ne pouvez pas comprendre.
  • Je ne suis pas d’accord avec votre stratégie, qui n’est pas compatible avec les contraintes du système d’information.
  • Vous ne comprenez pas notre métier.
  • C’est compliqué, ça ne marchera jamais !
  • C’est simple, nous allons y arriver.
  • Donnez-moi un budget et des effectifs, et ne vous occupez plus de rien !
  • Nous devons faire évoluer la plateforme technique, car la version de Windows Server actuelle n’est plus supportée.
  • Selon Gartner, mon budget devrait être doublé.

Ce que les DG ne devraient jamais dire à leurs DSI

  • L’informatique et le numérique ne sont que des outils qui nous coûtent, rien de plus.
  • Je décide, vous exécutez.
  • Voilà comment il faudrait faire.
  • Débrouillez-vous pour faire deux fois plus avec deux fois moins.
  • Je n’ai pas le temps de vous écouter.
  • Il faudrait organiser des formations Excel, car notre ERP n’est pas assez convivial…
  • Je ne veux pas connaître les détails, je veux que cela fonctionne !
  • Les systèmes d’information ne fonctionnent jamais

DAF, le retour ?

Selon l’enquête annuelle réalisée au niveau européen par le réseau CIOnet (*), la proportion de DSI qui reportent directement à leur DAF a progressé en 2013. Elle a atteint 27,2 % contre 21 % en 2012. A l’inverse, le rattachement à la direction générale perd du terrain, passant de 51 % à 39,6 % l’an dernier. Pour les DSI européens, cette tendance s’affirme encore plus nettement : la proportion de DSI rattachés à la DG est ainsi passée de 57 % en 2011 à 40 % en 2013. On note également davantage de rattachements aux responsables des opérations (13% des DSI).

Selon les auteurs de l’étude, Barry Derksen (Business & IT Trends Institute) et Jerry Luftman (Global Institute for IT Management), les entreprises dont les DSI sont rattachés à la direction générale se caractérisent par un niveau d’alignement plus élevé du système d’information sur la stratégie, ce qui paraît logique. Le fait que les DAF aient accru leur pouvoir sur les systèmes d’information peut être relié à l’objectif de réduction des coûts de l’IT qui, lui aussi, progresse parmi les priorités des directions générales des entreprises européennes. En 2010, cette préoccupation se situait à la huitième place, mais, en 2013 comme en 2012, la réduction des coûts apparaît en quatrième position, devant l’alignement avec les métiers, l’agilité et la productivité. C’est notamment le cas en France. Ce retour de la réduction des coûts s’explique en partie par la persistance des difficultés économiques et, selon les auteurs de l’étude, elle devrait passer en cinquième position en 2014.

A la question : « Qu’est-ce qui empêche un DSI de dormir ? », les DSI interrogés, quel que soit le continent, ont cité en premier lieu l’alignement du système d’information et des métiers, devant la sécurité, le leadership du DSO, la pénurie de compétences et l’agilité. Pour les sujets technologiques, ce sont le décisionnel, le cloud, la sécurité (qui arrive en n° 1 en Europe), le BYOD (Bring your own device) et la gestion de la relation client qui « empêchent un DSI de dormir ».

(*) European Key IT and Management Issues & Trends for 2014, Results of an international study.