Alors que les entreprises préparent le déconfinement, les directions des systèmes d’information vont devoir mobiliser, responsabiliser et piloter leurs actions tout en appréhendant leurs marges de manœuvre.
Nul doute que cette crise inédite sera aussi pour elles une opportunité de se repositionner dans un rôle incontournable de la transformation de l’entreprise. Au 19ème siècle, Charles Darwin notait que « les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements ».
En écho, l’impact de la crise actuelle pour les DSI impose une adaptation immédiate, selon une étude publiée par le cabinet de conseil en stratégie Kearney (1), qui propose les actions clés afin de préparer la sortie de crise.
Selon les consultants, « l’éclatement de la force de travail, comme l’avènement du télétravail, pose les bases d’un nouveau modèle de fonctionnement au sein de l’entreprise, de ses systèmes d’information et de son écosystème. » Ainsi, l’organisation du travail sera profondément influencée par cette crise où le « collaboratif » digital prend une ampleur nouvelle.
De toute évidence, le choc économique imposera, dans de nombreux secteurs, une analyse drastique des coûts et une révision significative des investissements informatiques. « Agir dans l’urgence pour gérer la sortie de crise et identifier les leviers d’optimisation seront une impérieuse, mais périlleuse, nécessité pour les DSI », poursuivent les consultants de Kearney.
Dans ce contexte, quelles sont les actions cruciales pour les DSI dès aujourd’hui et dans les six prochains mois ? Comment appréhender l’inéluctable évolution des organisations dans l’adoption, l’usage et la gestion des technologies ?
« Cette crise inédite nous apporte de nombreux enseignements et nous oblige tous à casser certains dogmes que nous tenions pour acquis. Des fonctions qu’il était inenvisageable de traiter hors de l’entreprise il y a encore quelques mois sont désormais réalisées avec succès en télétravail. Alors que les méthodes projets collaboratives prônaient les vertus incomparables du travail en équipe autour de plateaux communs avec une forte proximité physique, nombre de projets se poursuivent aujourd’hui efficacement bien qu’à distance », soulignent les consultants.
Entre urgence du court terme et anticipation de l’après à inventer, Kearney propose un balancier stratégique qui permet aux directions des systèmes d’information de réussir au mieux ce périlleux, mais vital, exercice de funambule autour de quatre actions clés et cinq orientations stratégiques.
Du côté des actions, les consultants préconisent d’analyser les fragilités générées par la crise, de rationaliser le portefeuille de projets, de réduire les coûts et de mobiliser l’organisation pour mettre l’entreprise en mouvement. Du coté des orientations stratégiques, les principes sont les suivants :
- Travailler ensemble mais à distance : les équipes IT devront mettre en place un modèle et des moyens technologiques permettant à l’organisation d’optimiser le travail à distance, dans la durée, pour capitaliser sur les enseignements actuels et être à même de faire face à de nouvelles situations de crise. « Nul doute qu’un nouveau mode collaboratif sera incontournable, basé sur la polyvalence des collaborateurs, l’autonomie et la délégation. Ces transformations induiront une évolution des pratiques de management et du rôle de manager : à nouvelle donne, nouvelle gouvernance », assurent les consultants de Kearney.
- Renforcer la cybersécurité : l’optimisation de la cybersécurité n’est désormais plus une option. Pour Kearney, la gestion des identités et des accès utilisateurs devra s’accentuer en s’appuyant sur des processus et des outillages adaptés, la sécurité des canaux d’interaction digitaux, ainsi que des messageries, devra devenir une exigence incontournable.
- Établir de nouvelles modalités de gestion des partenaires IT et des fournisseurs : leur résilience devra faire l’objet d’une analyse approfondie, notamment pour ceux qui ont en charge les données critiques. « La répartition du risque sur plusieurs partenaires pourrait remettre en cause les bonnes pratiques de massification et conduire à la définition d’une nouvelle stratégie », précise Kearney.
- Massifier l’adoption du cloud et restructurer les services : il s’agit, entre autres, de favoriser l’interopérabilité et l’accès aux services externes proposés par son écosystème de partenaires.
- Accompagner la transformation digitale accélérée des métiers et des échanges : « la digitalisation des échanges, notamment avec les clients et les fournisseurs, deviendra la norme et sera un réel élément de différenciation dans des secteurs aujourd’hui à la traîne », estiment les consultants de Kearney, pour qui « les roadmaps IT et l’organisation des équipes (compétences, capacités à faire, etc…) devront répondre à ces enjeux dès 2021. » •
(1) DSI et sortie de crise : un délicat exercice de funambule, Kearney.