Sourcing : les avantages asymétriques

Il n’existe plus aucun éditeur de logiciels qui n’ait mis le cloud dans ses priorités. La plupart argueront que cela correspond à la demande de leurs clients. Certes. Mais ils pourraient également avouer que c’est, avant tout, conforme à leurs intérêts et à ceux de leurs actionnaires.

C’est d’ailleurs l’une des récriminations exprimées par le Cigref. Pour les éditeurs, pousser les clients à migrer vers le cloud présente au moins trois avantages « asymétriques », c’est-à-dire que cela profite beaucoup plus à l’éditeur qu’à ses clients. Le premier est qu’il permet d’encercler les clients et les utilisateurs dans une nasse dont il est difficile de sortir.

C’est la technique de l’entonnoir-piège dans lequel il est facile d’entrer, mais beaucoup moins aisé de trouver la sortie. Par rapport au modèle On Premise, la dépendance s’accroît, la transférabilité des données d’un fournisseur à un autre n’étant pas si simple. Deuxième avantage : le cloud fait figure de tiroir-caisse, une augmentation unitaire, même minime, produit des bénéfices substantiels et récurrents, surtout si les principes de tarifications sont suffisamment opaques pour leurrer les clients.

C’est la technique du siphonnage de la valeur. Selon une étude de Synergy Research, au premier trimestre 2019, les éditeurs ont absorbé 23 milliards de dollars de revenus grâce au SaaS et la barre des cent milliards sera atteinte cette année. Enfin, le troisième avantage pour les éditeurs est de simplifier leurs offres, selon le principe de Ford : « Les clients peuvent bien sûr personnaliser une application à condition qu’elle soit identique pour tout le monde. »