Il est une loi économique qui, dans l’histoire, s’est plus ou moins vérifiée : lorsqu’un marché dysfonctionne, il n’est guère pertinent d’accroître l’offre alors que la demande diminue. Même un enfant de quatre ans pourrait comprendre ce qu’il advient : au mieux, une baisse des prix qui profite, peut-être, au consommateur, à supposer qu’il puisse consommer. Au pire, on assiste à une désaffection des consommateurs, qui, face à une profusion d’offres, se sentent désorientés au point de ne plus consommer. Bref, ils lâchent prise…
Ce phénomène s’observe pour le marché de l’information vers les managers de systèmes d’information. À quoi assiste-t-on ? A deux tendances qui semblent contradictoires. La première concerne le manque de temps dont les managers de systèmes d’information disent disposer pour s’informer. Selon une enquête menée par Best Practices Research, 82,5 % des DSI affirment manquer de temps pour s’informer, y compris sur les sujets en relation directe avec les missions dont ils ont la charge, 68,5 % estiment que c’est préjudiciable à leurs performances et 17 % pensent envisagent de ne plus s’informer tant les efforts nécessaires sont démesurés en regard des résultats.
La seconde tendance est à l’augmentation de l’offre d’informations sur les technologies de l’information : plusieurs sites Web dédiés aux technologies de l’information ont ainsi vu le jour ces derniers mois, tous ayant l’ambition de devenir « leader » selon l’expression consacrée, « incontournable » si leurs promoteurs ont la grosse tête, ou simplement « site de référence » pour les plus modestes. Outre, le fait que ces sites pêchent par l’absence d’un modèle économique pérenne (une simple visite de la page d’accueil montre qu’ils n’ont rien à « vendre »…), ils contribuent à accroître l’offre d’informations, par ailleurs déjà bien fournie. Moins de demande et plus d’offre ? L’équation semble difficile à résoudre…
Face à la profusion d’informations, trois stratégies sont possibles : consacrer de plus en plus de temps à absorber les surplus d’informations ; lâcher prise pour ne plus s’informer ; ou être beaucoup plus sélectif. La première stratégie mène à une impasse : absorber de plus en plus d’informations va conduire à une overdose, au détriment de l’exercice de son métier… La seconde est tout aussi suicidaire : on peut faire un parallèle avec le monde de l’aéronautique.
Qu’est-ce qui est le plus dangereux pour un avion ? Ce n’est pas la perte d’un moteur, c’est le décrochage. Autrement dit, lorsque l’avion n’a plus assez de portance pour rester en l’air et qu’il tombe, faute de puissance. Le décrochage est mortel pour les pilotes et les passagers d’un avion, il peut l’être également pour les DSI qui ne s’informent plus suffisamment. Il arrive donc un moment où le refus de s’informer entraîne la chute…
Imagine-t-on, à l’image du film Hibernatus, un DSI qui serait resté au niveau d’information du début des années 1990, époque grandiose du client-serveur, des mainframes, et où Internet était inconnu en dehors des cercles universitaires ? Il ne serait évidemment pas recruté, même par le plus idiot des DG ! Et, à supposer qu’il le soit, il ne ferait pas le poids face à des directions métiers férues de SaaS, d’agilité et de cloud. Quant à la troisième stratégie, être plus sélectif, c’est certainement la plus pertinente. Nous aurons l’occasion de vous proposer, au cours des prochains mois, une initiative éditoriale qui, nous l’espérons, répondra à ce besoin…