La politique fiscale du gouvernement fait régulièrement la Une de l’actualité, surtout en cette période d’élaboration de la Loi de Finances. Souvent pour en dénoncer les excès. Les débats et les polémiques que la politique fiscale suscite sont en fait très similaires à ceux qui peuvent concerner les systèmes d’information.
Nous sommes, globalement, dans un domaine où la polémique n’est en effet pas absente. On le voit par exemple dès lors qu’il faut négocier le budget ou mesurer objectivement le service rendu aux utilisateurs, ou encore défendre telle technologie ou solution face à d’autres. Et l’on retrouve, dans le domaine du management des systèmes d’information, les mêmes problématiques que dans le domaine de la politique fiscale. Les DSI doivent ainsi d’abord éviter le principe de « l’évasion fiscale », autrement dit décourager les directions métiers de jour cavaliers seuls, par exemple en se procurant directement des solutions en SaaS pour éviter de payer leur dîme à la DSI pour des développements et de l’intégration. Dîme qu’elles considèrent souvent comme injustifiée…
Ensuite, les DSI doivent, comme pour l’impôt, respecter un certain principe d’égalité, autrement dit ne pas surfacturer un projet pour telle direction métier au détriment d’une autre. Enfin, les DSI peuvent aussi pratiquer des formes « d’incitations fiscales », par exemple en encourageant le recours à l’Open Source afin de réduire la facture pour les clients internes.
On connaît les trois orientations principales communes à toutes les politiques fiscales, que l’on retrouve dans la plupart des pays confrontés à la nécessité de réduire les déficits budgétaires, quel que soit le type de gouvernement. La première approche consiste à accroître la pression fiscale. Pour un DSI, cela correspond à demander une augmentation des budgets dédiés aux systèmes d’information. Avec, dans les deux cas, un risque de révolte de la part de ceux qui sont ponctionnés, même pour une bonne cause… La seconde approche consiste à réduire les dépenses publiques. Ou, pour un DSI, celles liées aux systèmes d’information. Enfin, la troisième voie consiste à engager des mesures d’optimisation de sorte que, à budget constant, on puisse produire plus et/ou mieux.
La réduction des déficits est souvent rendue incontournable pour réduire le poids de la dette. Les DSI aussi sont confrontés à la nécessité de réduire le poids de leur dette, mais celle-ci est technique. Dans les deux cas, l’objectif est de retrouver des marges de manœuvre pour financer de nouvelles initiatives sociales ou économiques, ou, pour les DSI, de nouveaux projets…
L’idée, déjà ancienne et popularisée par l’économiste libéral américain Arthur Laffer, selon laquelle « trop d’impôts tue l’impôt », va certainement faire un retour en force sur le devant de la scène politique. Pour un système d’information, ce principe peut aussi s’appliquer si l’on accepte l’idée qu’à partir d’un certain seuil, toute augmentation du budget de la DSI ne sert plus à rien et, pire, devient contre-productive. On imagine facilement qu’une grande entreprise qui y consacrerait 15 % ou 20 % de son chiffre d’affaires ne serait finalement guère plus performante qu’une autre qui aurait un ratio plus raisonnable, par exemple autour de 5 % du chiffre d’affaires. Comme pour la célèbre Courbe de Laffer, le problème est que personne n’a jamais identifié où se situe le seuil…