On observe, depuis quelques mois, une évolution dans la communication des fournisseurs de technologies de l’information. Historiquement, et pour simplifier, cette communication autour des solutions a connu plusieurs phases : dans les années 1990, l’emphase était plutôt mise sur la nouveauté.
Dans les années 2000, il était plutôt question de performances. Plus récemment, la communication a insisté sur la réduction des coûts, suivant en cela les préoccupations des DSI telles qu’elles ressortaient dans les enquêtes des cabinets d’études. Aujourd’hui, et nous l’avons observé lors de plusieurs événements, organisés par les fournisseurs et au cours desquels des DSI sont intervenus, le terme le plus répandu, outre bien sûr les grands classiques qui n’ont pas disparu (innovation, performances, coûts…) est le temps.
Autant les ressources technologiques, les potentialités des usages et le stockage des données semblent illimitées (les ardents promoteurs du big data ne nous démentiront pas), autant la ressource temps est, elle, un univers limité. La limite étant, par définition, 24 heures par jour et par personne. C’est probablement le manque de temps qui menace le plus la performance des organisations, quelles que soient les quantités de technologies que l’on consomme et leur qualité intrinsèque.
Un très intéressant article, paru dans le numéro de mai 2014 de la Harvard Business Review, détaille les travers qu’une gestion désordonnée du temps occasionne dans les entreprises. Les auteurs qualifient le temps des managers de « ressource la plus rare ». Hélas, le plus souvent, l’organisation de réunions ne fait l’objet d’aucun contrôle, n’importe qui peut ainsi réquisitionner le temps des autres pour discuter d’un sujet, pas toujours crucial…
On aboutit à un paradoxe : il n’y a pas de sanctions contre les initiateurs de réunions improductives (elles sont considérées comme telles par un manager sur deux, selon une étude du cabinet de conseil Bain), alors que des sanctions existent lorsque des collaborateurs sont sous-productifs ! Dans cet article, il est rappelé une remarque fort judicieuse d’Andrew Grove, l’ex-patron d’Intel : « Tout comme vous ne permettriez jamais à l’un de vos collaborateurs de voler un objet appartenant à votre entreprise, vous ne devriez jamais laisser quelqu’un disposer à sa guise du temps d’un manager. »
Cette préemption du temps des managers est encore plus significative pour des entités dont les missions concernent toute l’organisation, en première ligne les DSI. Il n’est pas trop tard pour instaurer des garde-fous, afin d’éviter que le temps des DSI ne soit consommé par des utilisateurs qui pensent qu’il est inépuisable : le temps, pas le DSI ! Quoique…