Que les applications soient performantes, que les applicatifs soient adaptés aux besoins et que la gestion des incidents soit optimisée : tels sont les trois principaux vœux de tout utilisateur de système d’information. Des principes mis en œuvre chez Rhodia (mesure des performances), Renault (catalogue de services) et Accor (optimisation du help-desk) (*).
Le livre sur l’amélioration continue d’Itil V3 (dans son chapitre sur la mesure des niveaux de services) préconise de « fournir une vue sur le ressenti réel du client ». L’enjeu est essentiellement d’identifier en temps réel une dégradation critique de la performance.
Ces dégradations aggravent le risque de baisse de productivité, voire de chiffre d’affaires des directions métiers. « La mesure du ressenti des utilisateurs est fondamentale pour une bonne gestion des services. Elle est nécessaire pour délivrer les services et les améliorer. Mais la virtualisation, les architectures orientées services (SOA), la distribution des services et leur partage rendent ces mesures de plus en plus difficiles », lit-on dans une étude du cabinet d’études Yphise consacrée à ce thème.
Le risque est que les utilisateurs développent un « niveau psychologique de service » à la place d’un « niveau d’engagement de service » hypothétique mais beaucoup plus objectif.
Comment limiter les risques potentiels d’une dérive ? Trois approches peuvent être privilégiées : anticiper les dysfonctionnements dans les performances des applications ; adapter les applications au besoins des utilisateurs avec un catalogue de services ; optimiser l’efficience des services avec le help-desk.
1. Mesurer les performances pour les améliorer : Rhodia
« Les systèmes d’information sont générateurs de nombreux événements, pour maîtriser la satisfaction des clients, mais comment les lier entre eux, les trier et les prioriser ? », questionne Xavier Rambaud, DSI de Rhodia, groupe chimique présent dans 25 pays avec 90 sites (16 000 utilisateurs dans une vingtaine d’entités métiers). Une dizaine d’applications sont considérées comme critiques (SAP, messagerie, e-commerce, intranet hygiène et sécurité de l’environnement, e-room pour le travail collaboratif…).
« Les utilisateurs sont toujours les premiers à remonter les dysfonctionnements et nous cherchions les indicateurs les plus pertinents. »
Parmi ceux-ci : le taux de réussite des transactions métiers, le temps d’exécution d’une transaction, la sensibilité horaire des temps de réponse, la conformité des réponses, l’impact de la qualité du réseau sur les temps de réponse, les tendances des indicateurs dans le temps… « Nous avions des indicateurs techniques, mais, surtout pour les scénarios métiers, ils ne reflètaient pas le ressenti des utilisateurs et, par ailleurs, les enquêtes auprès de ceux-ci fournissaient une vue plutôt macroscopique et relativement subjective de la réalité. »
D’où la mise en œuvre de robots qui, précise Xavier Rambaud, « se comportent comme un utilisateur et permettent de remonter ces indicateurs pertinents de pilotage ». « La métrologie d’un système impose de disposer d’un système stable de manière à générer des événements pertinents via des scénarios métiers automatisés », poursuit Xavier Rambaud. Une cinquantaine de scénarios ont été élaborés pour 39 sites, avec des fréquences de test variant de quinze minutes à une heure selon la complexité des scénarios (par exemple, prise de commande sur un site Web).
« Il importe de suivre et de partager les indicateurs, avec une approche centrée sur les résultats et l’action », précise Xavier Rambaud, qui analyse ses indicateurs de façon visuelle : soleil ou nuages. « Les nuages apparaissent si une application est plantée, si une durée cible est dépassée pour un scénario ou si les applications deviennent trop lentes. »
2. Généraliser les catalogues de services : Renault
En 2003, Renault a déployé des nouveaux postes de travail standardisés. Objectif : « Un poste de travail banalisé, verrouillé, avec, en contrepartie, un système d’abonnement à des applications et services », résume Didier Hautot, responsable MOA et e-catalogue des produits et services informatiques chez Renault. Pour accompagner ce changement, un catalogue a été élaboré avec trois caractéristiques principales : un point d’entrée unique pour accéder aux outils et aux services, une standardisation/simplification de la gestion des demandes et, enfin, un système d’abonnement et de télédistribution des applications sur le poste de travail.
« C’est la contrepartie de son verrouillage, la validation intervient au plus tard dans les deux heures après la demande, notamment pour les logiciels coûteux ou ceux qui nécessitent une gestion des droits d’accès », précise Didier Hautot. Avec, comme il se doit pour un groupe multinational, une interface multilingue, un moteur de recherche, des descriptions détaillées et un accès rapide au formulaire de commande de matériels, logiciels et services. « Nous proposons seulement trois étapes : le choix des produits, la validation, le traitement et la livraison, l’utilisateur étant informé par mail de l’état d’avancement de sa demande », précise Didier Hautot.
Côté DSI, cela suppose d’être équipé, au minimum, d’une CMDB (Configuration Management DataBase) pour la mise à jour des postes de travail, d’outils de reporting (pour la traçabilité), d’un annuaire d’entreprise exhaustif, d’outils d’administration des identifiants et de télédistribution des applications.
Renault s’appuie également sur un réseau d’administrateurs locaux (une soixantaine), pour la publication des offres localisées, leur paramétrage, le processus de validation. « C’est l’interface locale avec les utilisateurs, souligne Didier Hautot, notamment pour l’assistance, l’accompagnement et la gestion des incidents, les administrateurs locaux adaptent le contenu des offres. »
En 2009, le e-catalogue de Renault (dont la gestion occupe cinq personnes à plein temps) a concerné 65 000 utilisateurs dans quarante pays, pour 3 000 offres, avec 40 000 connexions par mois en moyenne. « Nous gérons environ 22 000 demandes par mois, avec un taux d’incidents très faible de 3 %, soit 700 par mois », précise Didier Hautot.
Parmi les offres les plus demandées : la gestion des comptes utilisateurs, pour suivre les départs et les arrivées de collaborateurs, la gestion des postes de travail et l’installation de logiciels sur des postes standard. Une approche de ce type soulève toutefois quelques difficultés : « La standardisation des processus locaux, la gestion multilingue dans la mesure où le contenu de nos 3 000 offres évolue sans cesse, le volume de validation et la diversité des contenus », détaille Didier Hautot.
3. Optimiser la gestion des services : Accor
Chez Accor (150 000 collaborateurs dans une centaine de pays), c’est la gestion des services aux utilisateurs internes qui a été optimisée. Initié en mars 2009, le déploiement d’une solution (ITSM de FrontRange) a été effectué dans une dizaine de centres d’appels européens et s’achèvera à la fin de l’année. Un premier déploiement pilote a été réalisé en avril 2009 avec le centre d’Ile-de-France, qui emploie une vingtaine d’intervenants et traite 3 000 clients internes.
« En 2001 a été initié un projet de fiabilisation du système d’information, poussé à la fois par les mutations technologiques et la nécessité de décloisonner le travail des différentes équipes », se souvient Hassan Imhah, responsable méthodes et outils dans le département sécurité et méthodes de la DGSIT du groupe Accor.
Le rôle de la centaine d’intervenants des services de help-desk est de centraliser, traiter et transmettre environ 15 000 demandes mensuelles (incidents au moment de la réservation, demandes de nouveaux matériels, installation de boîtes e-mails, pannes informatiques…).
En 2007, la direction du groupe a décidé de réorganiser la gestion des services de help-desk avec son nouvel outil. « Il s’agissait d’améliorer la performance de l’outil existant et de réduire le temps de maintenance, par exemple pour la création de rapports, de déployer la solution dans une dizaine de pays européens, donc de passer d’un mode client/serveur, contraignant en matière de disponibilité du réseau, à une plate-forme de type Web et, enfin, de passer de la simple notion de help-desk à celle de service en intégrant, en plus de la gestion des problèmes et des incidents, une base de connaissances », détaille Hassan Imhah.
(*) Les propos recueillis pour cet article l’ont été durant les sessions d’échanges de la conférence ITSMF 2009.
Les best practices d’une stratégie de services | |
Domaines | Principales best practices |
Connaissance des clients et de leurs besoins. |
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Définition de la vision et du positionnement. |
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Définition de l’offre. |
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Structuration de la fourniture de services. |
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Prise en compte des actifs stratégiques. |
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Animation de la stratégie de services. |
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Source : d’après Itil V3. |
Les best practices pour améliorer la satisfaction des utilisateurs | ||
Objectifs | Pourquoi ? | Best practices |
Augmenter la satisfaction des utilisateurs finaux. |
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Aligner les services informatiques que les besoins métiers. |
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Réduire le risque métier provenant de l’informatique. |
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Gérer les niveaux de services. |
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Gérer la relation métier. |
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Industrialiser. |
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Gérer les problèmes et les incidents. |
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Gérer le risque informatique. |
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Gérer les demandes et le portefeuille de projet. |
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• Centrez chaque projet sur les problématiques des utilisateurs. • Mesurer les niveaux de services tels qu’ils sont perçus par les utilisateurs. |
Tester. |
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Source : d’après une étude Yphise : Supervision du ressenti des utilisateurs finaux, 29 pages, décembre 2008. |