L’éditeur Microfocus a publié début 2013 son premier baromètre de l’Application Lifecycle Management (ALM), ou gestion du cycle de vie des applications, qui consiste à gérer de manière intégrée, transversale et traçable les différentes étapes du développement applicatif : gestion des exigences, développement, tests, mise en production, suivi des évolutions et des bugs, etc.
Les répondants (200 personnes interrogées) occupent des fonctions variées, principalement côté études. Les plus répandues sont chef de projet (25%), développeur (16%), responsable informatique (10%) et architecte (10%). Sans surprises, l’industrie informatique (SSII et éditeurs) est la plus représentée, 30% des répondants y travaillant. Viennent ensuite l’industrie (20% des réponses) et le secteur des banques et assurances (11%), deux secteurs soumis à de fortes contraintes et qui de ce fait cherchent davantage à encadrer et outiller leurs processus.
Les entreprises de plus de 5 000 salariés représentent un tiers des réponses et celles de plus de 1 000 salariés 40%. La taille des départements informatiques dans lesquels travaillent les répondants s’en ressent, puisque 48% d’entre eux dépassent les 50 personnes. Le recours à la sous-traitance pour les projets de développement logiciel est assez présent, les prestataires intervenant à part égale ou plus grande que les équipes internes dans 44% des cas.
« Beaucoup d’entreprises mettent en place des démarches de gestion du cycle de vie applicatif dans le cadre de leurs contrats de Tierce Maintenance Applicative/Tierce Recette Applicative, en impliquant leurs prestataires quand elles choisissent un outillage », a constaté Frédéric Miche, architecte Solutions Borland chez Microfocus. Néanmoins, 56% des entreprises interrogées privilégient le travail en interne ou avec une faible proportion de prestataires, le contexte de crise incitant à rationaliser les contrats.
Les environnements dans lesquels sont déployées les applications informatiques sont principalement J2EE (présent chez 60% des répondants), .Net (48%) et les progiciels de type ERP (49%). La part des grandes entreprises dans le panel explique également la proportion relativement importante des mainframes, présents dans 20% des cas. Souvent, plusieurs de ces environnements coexistent au sein des entreprises. « Cette cohabitation des technologies entraîne la création d’interfaces, de passerelles et autres middelwares qui complexifient l’infrastructure et accroissent le besoin de discipline », explique Frédéric Miche.
Satisfaction des utilisateurs et qualité dominent les attentes
L’ALM est encore assez mal connu : plus de 57% des répondants ont en effet déclaré n’être que peu ou pas familiers avec cette notion et les concepts associés. Cela traduit peut-être une difficulté pour les différents acteurs des projets informatiques à disposer d’une visibilité globale sur le processus. « Même si les démarches agiles se répandent, beaucoup de départements informatiques utilisent encore des méthodes de type cycle en V et fonctionnent un peu en silos, ce qui ne favorise pas une vision partagée du projet ». Ce morcellement est également présent du côté des offres, les solutions disponibles ne couvrant pas toujours l’ensemble du cycle de vie applicatif. Néanmoins, même « la mise en place de certaines briques, comme un gestionnaire d’incidents, contribue déjà à l’amélioration du processus », souligne Frédéric Miche.
Les offres les plus connues par les répondants sont celles de Microsoft (citées par 40%), puis les offres Open source (38,6%) et IBM (28,6%). Interrogés sur leur perception d’une démarche ALM, les professionnels l’associent d’abord à un meilleur alignement avec les attentes du métier puis à l’assurance qualité en continu, dès le début du projet et tout au long de celui-ci. Viennent ensuite la collaboration et l’automatisation, la responsabilisation des acteurs puis la visibilité sur les projets. Cette vision se retrouve dans les bénéfices attendus : les premiers sont l’amélioration de la satisfaction des utilisateurs (citée par 51% des répondants) et celle de la qualité des livrables (47%).
« Avec la mobilité, l’accès aux applications développées s’effectue depuis de plus en plus de supports, et l’utilisateur est bien souvent le client final de l’entreprise. Les sanctions en cas de qualité médiocre sont importantes pour les entreprises : perte d’audience, d’image… ». Viennent ensuite des bénéfices liés aux gains de productivité, à la réduction des délais et des coûts associés aux projets. « Le dernier rapport du Standish Group en 2011 a montré que beaucoup de projets sont encore en difficulté pour respecter les coûts et délais, et qu’il subsiste par ailleurs un fort taux de réécriture des applications, signe d’un alignement insuffisant », pointe Frédéric Miche.
Prioriser projets et exigences
Près de 43% des répondants envisagent de développer l’approche ALM, dont 60% à moins d’un an. Le premier domaine sur lequel ils souhaitent porter leurs efforts est la gestion de projets (pour 40,3% des entreprises projetant une démarche ALM). « Cela peut même aller plus loin, jusqu’à la gestion du portefeuille de projets », précise Frédéric Miche. « Il s’agit de prioriser les demandes et d’effectuer des arbitrages budgétaires entre les projets. La fonction de PMO (Project Management Office) est valorisée ». Viennent ensuite l’automatisation des tests (39%), nécessaire pour gagner du temps dans un contexte où les mises en production s’accélèrent et où la non-régression doit être assurée, puis la gestion des exigences (38%), liée à la satisfaction des utilisateurs. « Le marché est encore très sous-équipé dans ce domaine, travaillant avec des outils bureautiques qui ne facilitent pas la gestion de besoins qui évoluent fréquemment. Ce n’est pas le document mais l’exigence elle-même qui doit être versionnée.»
Parmi les motivations de ces projets, les délais non respectés sont cités par 38% des répondants. Les dépassements de budget souvent associés sont en revanche mentionnés seulement par 24% des répondants, traduisant peut-être un écart de perception selon les fonctions. « Si les enjeux de coûts ne sont pas forcément vus comme un point important par les développeurs, il en va différemment pour les responsables du département », note Frédéric Miche. Parmi les autres raisons majeures, 32% mentionnent une difficulté à appréhender les besoins des utilisateurs et 28% un manque de visibilité sur les projets. Enfin, 54% des répondants seulement déclarent des budgets pour le développement logiciel supérieurs à un million d’euros, un chiffre sans doute en partie sous-estimé pour Frédéric Miche, selon lequel « des départements de 50 personnes ont souvent un budget dépassant les cinq millions d’euros pour le développement ».