Comment les villes indiennes mesurent l’humeur de leurs citoyens

Sur les réseaux sociaux, les habitants de New Delhi parlent surtout des transports publics et de la météo, ceux de Bangalore échangent sur les parkings et ceux de Mumbai communiquent sur la météo. L’analyse prédictive permet de détecter les opinions émergentes… et, pour une municipalité, d’en tenir compte…

Dans les grandes métropoles, Twitter, Facebook, blogs, forums et autres médias sociaux peuvent être une source d’informations précieuse pour les municipalités. En effet, les habitants utilisent fréquemment ces médias pour exprimer leurs sentiments sur des enjeux tels que les transports ou l’éducation. A l’occasion du forum IBM Smarter Cities qui s’est tenu à New Delhi en septembre 2012, IBM a présenté des applications analytiques permettant de tirer parti de ce contenu publié sur les réseaux sociaux pour mieux comprendre l’opinion publique.

Grâce à ces outils, l’éditeur a notamment réalisé un index de l’opinion publique dans les grandes villes d’Inde : Bangalore, New Delhi et Mumbai. Au total, 168 330 discussions en ligne ont été passées au crible entre septembre 2011 et septembre 2012, et 54 234 éléments informatifs pertinents en ont été extraits. La technologie utilisée permet d’analyser le langage naturel et de déterminer la tonalité employée, afin de différencier les opinions sincères de celles relevant du sarcasme.

Cette analyse a permis de déterminer que les deux premières causes de bouchons dans ces trois métropoles étaient les accidents et les mauvaises conditions météorologiques (trois fois sur quatre). L’index a également mis en évidence des différences entre les villes : à Mumbai, les échanges évoquant le stress lié au trafic sont deux fois plus importants qu’à Bangalore et à New Delhi, tandis que les références à l’impact de l’heure de pointe sur les embouteillages sont cinq à sept fois plus négatives à New Delhi qu’à Bangalore et Mumbai.

Selon les villes, les problèmes le plus fréquemment évoqués divergent : les habitants de New Delhi parlent surtout des transports publics, de la météo et du stress lié aux changements de transports, ceux de Bangalore mentionnent leur expérience en tant que conducteur et les enjeux liés aux parkings et ceux de Mumbai échangent davantage sur les accidents et la pollution, en particulier pendant la saison des moussons.

Les représentants publics peuvent ainsi mesurer en direct les opinions positives, neutres et négatives afin de mieux en tenir compte dans leurs décisions politiques. A Bangalore par exemple, les habitants semblent préférer les transports individuels, ce qui incite à réfléchir sur la pertinence d’éventuelles campagnes en faveur des transports collectifs.

A New Delhi, ou les transports publics sont privilégiés, les acteurs locaux peuvent identifier les zones avec un nombre important de voyageurs et un trafic routier peu chargé, afin de mettre en place le même type d’interactions dans les zones saturées.

Ces possibilités peuvent encore être étendues grâce à l’analyse prédictive, afin d’identifier des tendances émergentes ou d’évaluer quel pourrait être l’impact de certaines décisions. En croisant ces informations avec les prévisions démographiques, les dirigeants publics pourront par exemple prioriser les investissements en matière de transports ou estimer la portée et l’efficacité de campagnes pour inciter les citoyens à s’orienter vers d’autres types de transports.