Des dirigeants en quête de sens

Dans la préface de cet ouvrage, Pascal Demurger, président de la MAIF, rappelle qu’une entreprise est avant tout une communauté humaine. Ceux qui la composent « ne sont pas exclusivement mûs par la recherche de ses intérêts, ne sont pas uniquement calculateurs, rationnels et égoïstes.

Nos collaborateurs ont besoin que l’on entende leurs aspirations, leurs craintes, leur désir de relations, leur besoin d’appartenance. » Il en retient trois notions essentielles : la confiance, le sens et la bienveillance. « Si vous parvenez à réunir ces trois éléments, vous créez alors une dynamique interne où les gens se sentent mieux, plus impliqués et plus performants. »

Comment faire ? Une quarantaine de dirigeants (dont trois femmes seulement) se sont mobilisés pour expliquer comment, dans leur organisation, ils conçoivent le management et le leadership. L’un des points soulignés par plusieurs dirigeants concerne le sens, terme qui recouvre plusieurs définitions : le sens comme signification, comme direction et comme gratification (considération). Par exemple, « le leader est porteur de sens » (Hubert de Boisredon, Armor), « si l’entreprise n’est pas en mesure de produire du sens, elle encourt le risque de ne plus attirer les talents » (Pierrick de Ronne, Biocoop), « la dimension du sens est si importante qu’elle assigne une responsabilité inédite au dirigeant » (Ferréol Mayoly, Arval) ou encore « le besoin de sens a changé la frontière entre la vie professionnelle et personnelle » (Pascal Nadobny, Addev Materials).

L’ouvrage analyse également les sept « révolutions simultanées » qui concernent les entreprises : l’intelligence artificielle, la prise en compte des contraintes environnementales, géopolitiques, l’internationalisation, l’irruption de concurrences inattendues, l’apparition de nouveaux comportements (dans l’alimentaire, l’automobile…) et l’accélération, en particulier dans les cycles de renouvellement des produits. « Le covid a confirmé les tendances et les a même accélérées », soulignent les auteurs, notamment le télétravail, la transformation digitale, le e-commerce et les paiements sans contact, qui se sont imposés durant les confinements. « La nécessité de donner du sens a pris, au cours des événements, une dimension centrale. La capacité d’accélération des transformations a encore battu des records. La vitesse avec laquelle le télétravail s’est généralisé en donne un exemple, mais il faut aussi mentionner l’appropriation par le plus grand nombre de collaborateurs d’outils de communication, de data et d’intelligence artificielle qui restaient jusque-là expérimentaux », ajoutent les auteurs, pour qui les rapports au travail et à la consommation ont changé.

286 image biblio1
  • LinkedIn
  • Twitter
  • Facebook
  • Gmail

Les métamorphoses du leadership, 40 patrons donnent leur vision du management à l’horizon 2025, ouvrage collectif, Les Editions du Net, 276 pages.


Les idées à retenir

  • Les personnes à recruter sont 20 à 30 % plus chères que celles qui viennent de partir. C’est dire l’importance de savoir autant retenir qu’attirer.
  • La différence entre le leader et le dirigeant est que le premier a quelque chose en plus, il emmène avec lui ses équipes.
  • Le leadership a douze qualités : partagé, collaboratif, fluide, global, incarné, humaniste, ouvert, curieux, congruent, complexe, citoyen et travailleur.
  • Le leader a la capacité de gérer trois dimensions : court, moyen et long terme.
  • Puisque le dirigeant ne pourra plus tout faire, il va devoir passer du leadership du faire au leadership de l’être.
  • Un « non » peut être bienveillant.
  • Toute tentation de retour aux silos est vouée à l’échec. La meilleure façon de s’en prémunir est de tourner les équipes vers l’extérieur, vers l’utilisateur final, vers le marché.
  • La philosophie, la psychologie et les neurosciences sont devenues des outils de travail majeurs pour les dirigeants.
  • La consécration par les millenials des organisations horizontales, qu’ils apprécient particulièrement et qu’ils ont découvertes à travers les start-up, paraît antinomique avec la volonté qu’avaient leurs aînés de grimper dans la carrière ou d’assumer des responsabilités de dirigeants.
  • Dans les organisations, le pouvoir s’exercera sans les à-côtés statutaires qui l’accompagnaient jusqu’à présent.
  • Si l’entreprise dit mal ce qu’elle fait bien, l’opinion croira qu’elle le fait mal.
  • Courage et sang-froid resteront les grandes qualités demandées aux leaders, surtout en période de crise.
  • La France possède un trésor, mais elle ne le sait pas : il réside dans ses ETI (entreprises de taille intermédiaire). Dans le nouveau monde qui se dessine, les ETI cumulent toutes les qualités (création de valeur, dimensionnement, agilité, créations d’emplois, ancrage local…).
  • L’entreprise apprenante doit être une réalité pour les salariés, mais aussi pour le dirigeant : tout est bon pour se maintenir au contact des bonnes pratiques et pour comprendre le monde qui change. Il est impératif, pour un dirigeant, d’échapper à l’entre-soi et de se frotter à d’autres univers professionnels et sociaux.