Des DSI à trois têtes

L’école de management Insead et CIOnet, réseau social européen de DSI, ont mené une étude pour dégager une typologie des DSI en trois groupes : ceux qui sont plutôt orientés technologie, ceux qui privilégient les processus, et ceux qui sont davantage orientés clients.

Les DSI ne sont pas égaux devant leur système d’information. On s’en doutait, mais une étude menée par l’Insead et CIOnet auprès de 130 DSI dans plusieurs pays d’Europe le confirme. « Nous avons initié cette étude après avoir constaté que beaucoup de nos collègues considéraient que la seule valeur d’un DSI résidait dans l’assurance d’un bon fonctionnement des systèmes informatiques, de la messagerie et de l’accès au Web », précise Nils Fonstad, directeur associé de l’Insead eLab.

Il a été demandé aux DSI de répartir leur emploi du temps suivant quatre activités : le management du système d’information, les relations avec les collègues en dehors de la DSI, le management des processus d’entreprise et le temps passé avec les clients externes et les partenaires.

« Contrairement à une idée reçue, nos résultats montrent que les DSI passent un temps significatif à d’autres activités que la gestion du système d’information », explique Nils Fonstad. Plus précisément, un quart de l’emploi du temps des DSI, en moyenne, est consacré aux interactions avec des collègues hors de la DSI.

L’Insead dresse une typologie des DSI en trois groupes. Le premier regroupe les DSI « orientés technologie » (37 % des DSI). Ils sont davantage focalisés sur le management de la DSI et la disponibilité/qualité des infrastructures, des applications et des services associés. Deuxième groupe : les DSI « orientés processus » (48 % des DSI). Ils consacrent davantage de temps à des problématiques telles que les centres de services partagés, la chaîne logistique, les relations avec les utilisateurs.

Le troisième groupe rassemble les DSI « orientés clients » (20 % des DSI) et dont l’emploi du temps est davantage équilibré entre le management du SI, la gestion des processus et les relations avec les clients. Plusieurs facteurs influencent l’allocation du temps des DSI : la réglementation, l’état des infrastructures, la disponibilité des ressources et le secteur économique. Ainsi, par rapport à la moyenne européenne, on trouve une proportion plus importante de DSI « orientés clients » en Espagne et en Grande-Bretagne, des DSI « orientés technologie » en Belgique (50 %) et aux Pays-bas (42 %), la France étant plutôt dans la moyenne européenne.

Par secteurs, on trouve plutôt les DSI orientés clients dans le secteur des télécoms et les services, des DSI orientés processus dans la santé, l’industrie, la grande distribution, le secteur public, et des DSI orientés technologie dans l’énergie et la finance. Cette répartition de la population des DSI est amenée à évoluer : « Un tiers des DSI prévoient que la nature de leur tâches va évoluer à un horizon de trois ans », assure Niels Fonstad. On devrait ainsi assister à une montée en puissance des DSI orientés processus, dont la proportion passerait, selon l’Insead, de 48 % des DSI en 2010 à 58 % en 2013, au détriment du poids des DSI orientés technologie (de 37 % à 22 %).

Répartition de l’emploi du temps des DSI européens
Management du SI Relations avec les collègues hors de la DSI Management des processus de l’entreprise Relations avec les clients externes et les partenaires
DSI orientés technologie  60 %  27 % 8 %  5 %
DSI orientés processus  34 %  30 %  28 %  8 %
DSI orientés clients  32 % 31 %  15 % 22 %
Source : IT Enabled Leadership, The expanding strategic roles of Chief Information Officers, Insead eLab, CIOnet, 2011.
Les DSI français de plus en plus orientés processus
France Moyenne européenne
2010 2013 2010 2013
DSI orientés technologie  38 % 23 % 37 %  22 %
DSI orientés processus 46 % 69 % 43 % 58 %
DSI orientés clients  16 %  8 %  20 %  20 %
Source : IT Enabled Leadership, The expanding strategic roles of Chief Information Officers, Insead eLab, CIOnet, 2011.