ERP : comment bien choisir son intégrateur

La gestion d’un projet ERP reste à hauts risques. L’un des facteurs clés de succès réside dans le choix pertinent de l’éditeur et de l’intégrateur.

Lors du déploiement d’un ERP, il existe principalement trois grands groupes d’activités qui peuvent se définir autour des trois pôles suivants :

  1. Le produit ERP, ensemble des services fonctionnels qui gravitent autour du produit ERP tels que ventes, installation, support, mise à jour, formation, documentation, personnalisation et modification.
  2. Les processus métiers, qui concernent le métier de l’entreprise. Ils représentent les services opérationnels basés sur le conseil : ana­lyse des processus, reengineering, formation sur les changements, analyse des changements, conduite des changements, définition des nouveaux postes et des nouvelles procédures opéra­tionnelles.
  3. Le projet de déploiement, qui concerne la partie organisationnelle du projet informatique proprement dit, c’est-à-dire la gestion du projet, le planning, la gestion des ressources, la conduite du projet et la méthodologie.

Ces trois groupes d’activités sont coordonnés et exécutés chacun par les acteurs suivant : l’éditeur, l’intégrateur ou l’entreprise. L’enjeu est de décider « qui va faire quoi » ? Les trois entités (éditeur, intégrateur, entreprise) doivent cohabiter afin de parvenir aux objectifs fixés par l’entreprise.

Ce schéma de cohabitation est sans aucun doute un des éléments les plus délicats à mettre en œuvre et à faire fonctionner dans le temps. Les alliances entre éditeurs et intégrateurs se font en fonction de multiples paramètres : taille, secteur d’activité, localisation géographique, stratégie commerciale, demande de l’entreprise, positionnement par rapport à la compétition, etc.

Les recommandations clés et les meilleures pratiques pour choisir ses partenaires sont les suivantes :

  • Convenir du modèle de partenariat le plus adapté à la culture, aux compétences et aux ressources (humaines et financières) de l’entreprise :
    a) Entreprise-éditeur-intégrateur
    b) Entreprise-éditeur
    c) Entreprise-intégrateur
  • Décider qui de l’entreprise, de l’éditeur ou de l’intégrateur, assurera les activités de projet, de processus et du produit ERP.
  • Respecter le savoir-faire naturel des partenaires. Ne pas leur demander d’assumer des responsabilités en dehors de leur métier de base.
  • L’entreprise doit avant tout (et contre tout) garder le contrôle du déploiement de l’ERP. Il lui est très fortement recommandé de conserver en interne la gestion du projet.
  • S’assurer que l’entreprise a les capacités et les raisons de déroger à la règle de base en termes de partenariat : « Les gros vont avec les gros, les petits vont avec les petits. »

En parallèle du choix de l’ERP, il existe plusieurs critères clés pour choisir l’éditeur de l’ERP :

  • Étudier les résultats financiers de l’éditeur afin d’évaluer sa pérennité, car le renouvellement d’un ERP n’intervient qu’environ tous les dix ans.
  • Analyser l’âge et le volume de son parc client :
    a) Expérience avec des entreprises évoluant
    dans le même secteur d’activité
    b) Importance
    c) Expérience avec des entreprises du
    même calibre
  • Aller au-delà du déploiement de l’ERP proprement dit et examiner les propositions, les termes et les conditions de support, de maintenance et d’évolution
  • Si nécessaire, vérifier son positionnement international
  • Si nécessaire, s’assurer que l’ERP couvre de manière adéquate les législations spécifiques des pays dans lesquels l’entreprise évolue.

De même, pour choisir l’intégrateur qui accompagnera l’entreprise, on pourra privilégier les critères suivants :

  1. Valider l’expérience de l’intégrateur sur l’ERP que l’entreprise a sélectionné : connaissance du secteur d’activité, volume de compétences, facultés de configuration, capacités à développer des modifications spécifiques.
  2. Donner la priorité à la proximité :
    a) sectorielle : le métier et le secteur d’activité
    b) géographique : local, régional, national ou international
    c) organisationnelle : partenariat existant satisfaisant plutôt qu’un nouveau partenariat à construire
    d) humaine : les relations de confiance construites au fil du temps, les affinités individuelles
  3. S’assurer que l’architecture technique choisie ou proposée soit bien adaptée à l’environnement et aux attentes de l’entreprise.
  4. Exiger de visiter une ou plusieurs entreprises du même secteur d’activité et utilisant l’ERP choisi en production depuis plusieurs mois.
   Appel d’offres : faut-il consulter séparément l’éditeur et l’intégrateur ?
 Deux appels d’offres séparés :
éditeur puis intégrateur
 Un seul appel d’offres
« éditeur + intégrateur »
Principaux
avantages
  • Possibilité de challenger l’éditeur
  • Accès plus facile à l’expertise de l’éditeur
  • Connaissances fonctionnelles des solutions
  • Liberté de choix de progiciel
  • Possibilité de peser sur les prix (coût global)
  • Pilotage du projet plus simple
  • Possibilité d’avoir un engagement global, notamment sur les exigences de performance et de sécurité (responsabilité unique)
Principaux
inconvénients
  • Besoin de ressources complémentaires pour bien piloter l’implémentation
  • Complexité supplémentaire de la gestion du projet
  • Allongement des délais
  • Nécessité de répartir entre éditeur et intégrateur la part de responsabilité respective sur les engagements
  • Peu ou pas de contrôle sur l’éditeur
  • Absence de visibilité sur les relations contractuelles entre l’intégrateur et l’éditeur
  • Risque de ne pas avoir le choix du progiciel si l’éditeur convainc qu’il est « incontournable » pour être présent dans toutes les offres des intégrateurs
 Source : SAP au sein du Service Public, retours d’expérience, guide pratique et facteurs clés de succès, Livre blanc de la communauté « Service Public » de l’USF, 2010, 116 pages.

Cet article a été écrit par Par Jean-Louis Tomas.