Fusions-acquisitions : le logiciel , bombe à retardement

Dans les opérations de fusions-acquisitions, le bon sens consiste à s’intéresser de près à ce qui constitue l’un des actifs les plus précieux : le système d’information et les applications qui le composent.

Hélas, nous apprend une enquête menée par Wavestone en 2019, 45 % des entreprises qui en acquièrent une autre ou qui fusionnent n’ont pas traité les questions IT avant la signature du rapprochement : « Un manque d’anticipation mettant en péril la concrétisation des synergies potentielles », soulignent les consultants de Wavestone.

Dans seulement un quart des opérations de fusions-acquisitions, les objectifs de synergies entre les DSI est atteint et dans 38 % des cas, ils ne le sont qu’à moins de 50 %. C’est nettement moins que pour les fonctions finance, RH et marketing. Généralement, les économies sont attendues à la fois pour les applications (réduction du nombre de licences, renégociation des contrats de maintenance…), pour les technologies (consolidation des datacenters, renégociation des contrats de réseaux…) et l’organisation (réduction d’effectifs, centralisation du support…).

Les actifs logiciels, plus stratégiques que les actifs financiers

Plusieurs chantiers doivent être traités : garantir la continuité de service, intégrer les systèmes d’information, repenser la stratégie SI à moyen et long terme, assurer la cybersécurité… Ce dernier point est crucial : « L’expérience montre qu’une entreprise est d’autant plus exposée aux risques cyber lors d’une fusion-acquisition : mue par la recherche des synergies métier, l’interconnexion des SI est souvent accélérée au détriment des prérequis de sécurité.

Cet enjeu doit être placé en haut de la liste des priorités car, en plus d’engager la responsabilité du top management, un incident de cybersécurité peut compromettre l’intégration et la continuité des activités », notent les consultants de Wavestone. Outre la sécurité, les aspects logiciels sont aussi à prendre en compte. « Il faut absolument savoir ce que l’on achète », assure Erik Oltmans, partner chez Ey Pays-Bas, qui est intervenu, en janvier 2020, lors d’une conférence de Cast sur la Software Intelligence. Il suggère de se poser quatorze questions pour maîtriser ces aspects (voir tableau).

Fusions et acquisitions : les cinq scénarios possibles pour le SI
Scénario Bonnes pratiques
Les deux SI sont compatibles Interconnecter les deux SI
Les deux SI doivent être conservés Créer des passerelles pour les faire communiquer en conservant la cohérence organisationnelle
Les deux SI sont incompatibles Choisir le SI qui permet de supporter au mieux les activités de la nouvelle organisation
Les deux SI sont peu développés et incompatibles Créer un SI commun, en repensant l’architecture, les applications et les processus
Les deux SI sont peu développés Envisager l’externalisation
Source : Intégration post-acquisition, quelles sont les clés pour réussir un rapprochement d’entreprises ?, Wavestone, 2019, 44 pages.

 

Actifs logiciels : les questions à se poser avant une fusion-acquisition
Domaines Questions à se poser
La fiabilité des logiciels
  • Peut-on mesurer la performance du système et sa fiabilité ?
  • Les logiciels acquis sont-ils durables ?
Le maîtrise du code
  • Le code source des applications est-il disponible ?
  • Le logiciel pourrait-il être acquis sans en inspecter le code ?
La stratégie
  • Le logiciel est-il aligné sur la stratégie de l’entreprise ?
  • Le logiciel est-il scalable pour s’adapter à la croissance de l’activité ?
  • Quel est le Time-to-Market de nouvelles fonctionnalités ?
La maîtrise des risques
  • Peut-on identifier les risques potentiels et les domaines de sous-investissement ?
  • Est-on confiant sur la possibilité de diminuer les risques ?
  • Sait-on comment réduire les risques ?
La connaissance des logiciels
  • Dispose-t-on des compétences nécessaires liées aux logiciels acquis ?
  • Les efforts nécessaires pour évaluer les logiciels sont-ils quantifiés ?
Les investissements
  • Le potentiel des investissements en logiciels est-il bien compris ?
  • Quels sont les coûts de maintenance des logiciels acquis ?
Source : EY, Software Intelligence Forum Cast, janvier 2020.