Innovation, disruption et survie

«Peu d’entreprises innovent par « conviction ». En général, elles innovent par Nécessité », estime Nicolas Bartel, associé chez Eurogroup Consulting, dans la présentation de cette publication de l’EBG. Mais les organisations qui innovent ont toutes un point commun : une vision à long terme et une pratique régulière de la veille pour ne pas se laisser distancer.

Pour Patrick Barrabé, responsable innovation & conduite du changement du groupe, Jardiland, « innover, c’est résoudre les points de douleur. » Ce n’est évidemment pas facile car, rappelle Nicolas Bartel, il faut concilier deux rythmes. D’une part, celui des affaires et, d’autre part, celui de l’innovation.

« Le second nous demande de nous affranchir du quotidien, de lever le nez du guidon. Nous avons été élevés dans un modèle économique mû par la rationalisation des coûts. Aujourd’hui, la notion de valeur émerge, elle est défendue, mais elle reste minoritaire par rapport à une vision de l’organisation centrée sur la machine, qui doit produire au mieux et au plus vite. Ces deux approches ne sont pas antagonistes, il faut les concilier, car si vous opposez l’innovation au Run, c’est toujours le Run qui va gagner », ajoute Nicolas Bartel.

Mais comment faire ? La publication de l’EBG propose un certain nombre de recommandations (voir encadré). Une étude plus récente de l’EBG s’intéresse à un objectif formulé par beaucoup d’entreprises : comment rester leader dans un monde digital ? Une Task Force de quinze dirigeants a proposé leur vision de cette problématique. Ils ont notamment identifié cinq déclencheurs susceptibles de convaincre un Comex :

  • La dégradation de l’expérience client.
  • La dégradation de l’expérience collaborateurs.
  • Une chute du R.O.I. des blockbusters (autrement dit, les services ou produits particulièrement rentables de l’entreprise).
  • Une progression plus rapide des concurrents.
  • Une réduction des marges.

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Innovation : changer d’échelle ou mourir, EBG, Eurogroup, 32 pages.

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Comment rester leader dans un monde digital, EBG, Open, 45 pages.


Bonnes pratiques et recommandations

  • L’innovation doit se défaire de ses gadgets.
  • Innover c’est avant tout résoudre des points de douleur.
  • Ne pas se focaliser sur les risques.
  • Faire de l’innovation le premier critère d’évaluation du management.
  • Positionner la totalité des projets sur l’indice TRL (technological readiness level) créé par la Nasa et échelonné de 1 à 9.
  • Créer un système de « bourse » : tous les trois mois, sont présentés tous les projets en cours et les collaborateurs postulent pour ceux qui les motivent le plus.
  • Arrêter le « saupoudrage » consistant à mettre un peu d’argent ici, un peu là, pour se donner bonne conscience ou pour s’éviter de trancher.
  • Être capable, au terme d’un POC, de lister tout ce qui a été laissé de côté (les contraintes réglementaires, les problèmes d’interfaces avec tel ou tel système, etc).
  • Raisonner comme un fonds d’investissement à propos d’un budget dont il faut optimiser l’allocation, en prenant en compte la vision et la qualité de l’équipe.
  • L’innovation n’est pas forcément rentable, il faut bien savoir ce qu’on veut : être rentable ou être le premier ?
  • Construire une vision cible en adoptant une approche « zero-based design », qui consiste à faire table rase de l’existant et à se focaliser sur le marché et ce que l’on souhaite lui apporter. Si l’on se concentre sur le présent, le risque est de ne concevoir que des améliorations.
  • Progresser par l’exécution : dans l’absolu, un cas d’usage n’est ni bon, ni mauvais, c’est le contexte qui compte.
  • Rester attentif aux déclencheurs signalant qu’il est « temps de se lancer » (dégradation de l’expérience client et collaborateurs, chute de ROI, baisse des marges…).
  • Travailler sur la culture d’entreprise et l’organisation interne pour être plus réactif.
  • Faire en sorte que le digital entre dans le quotidien de chacun des métiers.
  • Faire comprendre aux RH qu’ils ont un rôle-clé à jouer, notamment pour l’employabilité des équipes.
  • Écouter l’utilisateur, tenir compte de ses remarques et l’intégrer systématiquement à la construction d’un nouveau produit ou service.
  • Capitaliser sur l’IA et la data. « Si vous voulez prendre un coup d’avance, il faut y croire et vous lancer, les résultats ne se feront pas tellement attendre », insistent les auteurs des études EBG.
  • Attacher davantage d’importance à l’écosystème, pour favoriser la co-innovation.
  • Accompagner le management intermédiaire dans les changements stratégiques, c’est la population la plus exposée aux transformations numériques, parce qu’elle perd une partie de son pouvoir.