Le patrimoine applicatif, un boulet pour les DSI ?

Les experts en psychologie ont popularisé la notion d’injonction paradoxale, principe selon lequel un individu reçoit deux obligations contradictoires. Pour les DSI, on pourrait l’illustrer avec, d’un côté, une exhortation des directions générales à accélérer la transition vers l’entreprise numérique et, de l’autre, le maintien, par ces mêmes directions générales, d’une situation qui limite fortement les possibilités pour les DSI, d’atteindre le premier objectif.

Une intéressante étude, réalisée au niveau mondial, par Capgemini auprès de 1 116 DSI, illustre ce point (Application Landscape Report 2014). L’étude montre que le nombre de DSI considérant que leur organisation gère plus d’applications que nécessaire est passé d’un tiers à près de la moitié des sondés en trois ans. De même, 53 % des DSI interrogés estiment qu’un cinquième de leurs applications devrait être retiré ou remplacé. Encore faut-il réussir à opérer une telle transformation. C’est moins un enjeu technique qu’un challenge de négociation avec les utilisateurs, dont la plupart n’aiment guère que leurs applications soient supprimées, parce qu’elles coûtent trop cher à maintenir, sont sous-utilisées ou technologiquement obsolètes. Résultat : le parc applicatif grossit bien au-delà des besoins des métiers.

Dans l’enquête Capgemini, en 2011, 34 % des DSI affirmaient que, dans leur entreprise, le nombre d’applications était supérieur aux besoins, mais, en 2014, ils ne sont pas moins de 48 % à le penser (et 54 % dans le secteur financier) ! On sait ce qu’il convient de faire : industrialiser, standardiser, étudier des scénarios de rupture, si la standardisation ne suffit plus, qui doivent permettre d’arbitrer entre différentes approches telles que le remplacement, la migration de versions, la consolidation, l’amélioration, le décommissionnement… En 2014, seulement 10 % des DSI français vont bénéficier d’un budget en hausse, selon l’étude Capgemini. Pour ceux qui parviendront à dégager des marges de manœuvre, il ne sera pas facile d’arbitrer entre la modernisation du patrimoine applicatif, sujet peu porteur, et d’autres, beaucoup plus vendeurs (le numérique, le cloud, le big data, la mobilité…). Il faudra de toute façon être sur tous les fronts : la transformation du patrimoine applicatif risque d’en pâtir…