Les mots du numérique

Alors que l’industrie du numérique a révolutionné l’ensemble des secteurs pourquoi ne serait-ce pas au numérique de se révolutionner lui-même ? C’est cette question que pose l’auteur, Frédérick Marchand, cofondateur du groupe Digital4better, dans cet ouvrage.

Ce dernier effectue un parallèle avec la voiture : « Qui se souciait, avant, de concevoir des véhicules consommant moins ? Le numérique doit réfléchir très clairement à sa révolution, sa propre révolution et pas uniquement la révolution des autres secteurs qu’il favorise. Cette révolution n’en est encore qu’à ses débuts, les organisations ne savent même pas mesurer l’empreinte environnementale, encore moins l’empreinte sociale de leur système d’information. Or, pour agir, il faut mesurer. » C’est tout le paradoxe : « Le numérique est source de magnifiques leviers pour la transition énergétique, mais le numérique est aussi l’un des principaux pollueurs. S’il apporte de génialissimes solutions à des problématiques sociales, il peut être source d’exclusion », rappelle Frédérick Marchand. Autrement dit, assure-t-il, « l’innovation technologique est essentielle quand elle est utile, mais posons-nous la question de l’utilité de tous ces objets connectés, sachant qu’un tiers d’entre eux n’apporte rien à son utilisateur. »

Il souligne que les trois grandes transformations auxquelles sont confrontées les entreprises (questionnement de leur raison d’être, quête de sens des clients et collaborateurs, relance numérique et écologique de l’économie) sont en apparence distinctes, mais qu’elles ont un point commun : le numérique responsable. Pour l’auteur, le numérique responsable peut se traduire par plusieurs notions : une meilleure empreinte environnementale, qui agit sur tous les critères de respect des ressources de notre planète ; une meilleure empreinte sociale, qui rend les services numériques accessibles à tous, qui évite tout effet d’exclusion numérique ; une meilleure empreinte éthique, des traitements numériques en toute transparence dans le respect de chacun ; et un numérique au service de problématiques sociales, sociétales et écologiques. « Le numérique est l’un des leviers d’un monde meilleur », assure l’auteur.

Cet ouvrage permet d’identifier les éléments importants du contexte, les thèmes majeurs et les leviers pour agir au sein des organisations. « Il faudra être capable d’identifier les différents leviers d’amélioration. Cela passera par un vaste chantier de formation, de sensibilisation, de changement d’usages de l’ensemble des acteurs, à la fois des acteurs du numérique, des usagers et de l’ensemble des fonctions en entreprise », explique l’auteur. Bien évidemment, cette révolution prendra du temps. La crise de 2020 a été un accélérateur de cette prise de conscience, de cette nécessité de transition énergétique et de transformation numérique, on le voit avec de nombreuses publications et événements qui ont retenu cette problématique comme fil conducteur. « La prise de conscience sur l’éthique débute tout juste, avec notamment le débat sur la souveraineté numérique et notre résilience, ainsi que la question des données personnelles. L’impact social du numérique reste encore malheureusement trop réservé aux initiés du sujet », déplore l’auteur, pour qui « le numérique est au cœur de la résilience de nos organisations, qui sont le moteur d’un numérique plus vertueux. Un numérique responsable est la clé d’une performance résiliente. »

Comment, dès lors, engager une démarche de transformation responsable ? L’auteur suggère une approche en quatre étapes. La première consiste à sensibiliser et à former « sur les méthodes agiles numériques responsables, sur les approches design responsables, sur les bonnes pratiques de développement. » Deuxième étape : exprimer une vision et formaliser une stratégie : « Les valeurs d’une entreprise doivent se retrouver partout, y compris dans son approche numérique. Si vous ne savez pas par quel bout commencer, il est possible de réaliser un premier diagnostic de votre maturité numérique responsable. » Troisième étape : mesurer (les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’énergie, les empreintes environnementales et sociales…). Enfin, agir : « Privilégiez les approches qui permettent de tester pour apprendre («test and learn»). L’idéal est de choisir deux ou trois projets sur lesquels vous pouvez appliquer cette approche à impact. Cela peut être des nouveaux projets et des projets existants ; le mieux étant de combiner les deux, sans oublier les volets achats et communication », suggère l’auteur.

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40 mots pour un numérique responsable, par Frédérick Marchand, Editions ContentA, 176 pages.


Les 40 mots représentatifs du numérique responsable

Accessibilité – ACV (Analyse du cycle de vie) – Agilité – Bilan carbone – Consequence scanning – Décommissionnement – DEEE – Dégradation élégante – Durabilité – Écocide – Éco-conception – Économie circulaire – Économie de la fonctionnalité – Effet de serre – Effet rebond – Éthique – Facteur 4 et neutralité carbone – Frugalité – Green Cloud Computing – Green IT – Iconomie – Illectronisme – Impact – Inclusif – Low-tech – Obsolescence – Objectifs de développement durable – Partie prenante – Pervasif – Phases d’un projet – Progressive enhancement – Réparabilité – Résilience – Scalabilité – Sobriété – Sociétal – Software Craftsmanship – Souveraineté numérique – Sustainable design – Tech for Good