103/200 : c’est la note que s’attribuent les Directions des Systèmes d’Information pour la maturité de leur pilotage, selon le baromètre Abraxio 2025, basé sur l’autoévaluation de 92 DSI de tailles et de secteurs divers. Des résultats très modestes qui témoignent de l’exigence de la profession vis-à-vis de ses pratiques.
Loin de se voiler la face, les DSI démontrent une capacité d’autocritique et d’analyse prospective remarquable. Leur score moyen de 103/200 (tout juste la moyenne) traduit une prise de conscience collective des marges de progression nécessaires pour faire gagner leur pilotage en maturité.
Les perspectives sont néanmoins encourageantes puisque des leviers concrets d’améliorations sont identifiés : du pilotage financier à la conduite de projets en passant par la gouvernance, les ressources humaines ou encore les fournisseurs, le baromètre couvre un large panorama avec pas moins de 70 items sondés, regroupés en sept piliers. Parmi eux, le critère “performance” est un sujet prioritaire sur lequel 91% des DSI souhaitent progresser.
Gouvernance : Le paradoxe des DSI, soutenues par leur DG, mais mal comprises par les métiers
Bonne nouvelle : 78% des DSI s’estiment comme un partenaire clé de la direction générale et reçoivent un soutien actif des instances dirigeantes qui reconnaissent de plus en plus leur valeur.
Mais, à l’opposé, les DSI souffrent d’une forme d’incompréhension de la part des autres départements de l’entreprise : seulement 22% des DSI considèrent que leurs clients internes mesurent réellement leur propre charge de travail dans la réalisation de la stratégie IT (autrement dit, le temps que les Directions métiers doivent consacrer aux projets de la DSI). Un taux qui se réduit à 11% dans les petites DSI. La solution pour améliorer la proximité avec les Métiers et leurs équipes : renforcer le dialogue et la collaboration dans le but d’être considéré comme un allié et un partenaire, à tous les échelons de l’entreprise.
Portefeuille et conduite de projets : des arbitrages à co-porter avec les Métiers
Cette situation d’insuffisante collaboration entre la DSI et les métiers trouve une illustration concrète dans la conduite du portefeuille de projets : Si 77% des DSI estiment aligner correctement leur portefeuille de projets à la stratégie globale de l’organisation, l’estimation de la valeur des projets par scoring et le challenge du ROI restent négligés, avec seulement 20% des DSI y ayant recours. Conséquence, 45% des DSI assument seules la responsabilité des arbitrages.
On voit là l’importance de mettre en place des comités de coordination pour arbitrer collectivement les demandes sur scoring pour une meilleure gestion du portefeuille des projets et des plannings.
Pilotage financier : un suivi budgétaire encore fastidieux
Le budget est une préoccupation centrale des DSI. Pourtant, seuls 58% d’entre eux s’estiment en mesure d’identifier les dérives budgétaires et les leviers d’optimisation des coûts dans leur budget. (et seulement 53% des grosses DSI). Préparation budgétaire, suivi quotidien, reforecasts… : l’automatisation constitue un axe majeur de progression pour les DSI. Seules 42% d’entre elles disent avoir réduit la “pénibilité” de leur suivi budgétaire en automatisant autant que possible sa gestion. Pour les grosses DSI (50 ETP et +), ce chiffre descend à 30%, sans doute en raison de la complexité de leurs budgets et des effets de consolidation plus lourds qu’ailleurs, dessinant ainsi un véritable levier de gain de maturité.
Délégation et centralisation : le double défi des DSI
Toujours dans cet axe « Budget », les DSI peinent à déléguer des périmètres de responsabilités budgétaires au sein de leurs équipes, avec seulement 50% y parvenant. Cette réticence soulève des questions autant sur les freins managériaux ou culturels en jeu que sur la difficulté à dépasser les problématiques d’outillage.
La dispersion des données de pilotage dans diverses solutions, problématique pour 72% des DSI, complique davantage la situation. De plus, seules 25% des DSI ont mis en place un CIO Office pour centraliser et consolider le reporting de l’activité de la DSI, révélant un potentiel inexploité dans la structuration du pilotage de la fonction IT, pour faire émerger de nouveaux rôles et responsabilités et ainsi décharger le DSI.
L’harmonisation des pratiques est également au cœur des préoccupations des DSI
Seuls 45% des chefs de projets partagent des méthodologies communes et 47% des DSI centralisent leur gestion de projets dans un outil unique qui limite les reportings. La fonction de PMO reste rare, présente dans seulement 38% des DSI comme pilote du portefeuille projets.