Quand l’IT et les métiers fusionnent : huit tendances à connaître

« Qui aurait pu prédire, il y a dix ans, que les grands avionneurs de ce monde seraient en mesure d’imprimer leurs pièces de rechange directement depuis leurs hangars, plutôt que de les fabriquer sur des lignes d’assemblage situées à des milliers de kilomètres ? Qui aurait pu imaginer que les médecins auraient recours à l’intelligence artificielle pour améliorer le diagnostic et le traitement des cancers ?Et qui aurait pu entrevoir l’émergence des systèmes de maintenance préventive, reposant sur l’utilisation de capteurs et de la robotique, pour prévenir les risques de panne mécanique ? », s’interrogent les consultants de Deloitte, en préambule de ce document de synthèse sur les huit tendances qu’ils ont identifiées.

1. Le CIO devient Chief Integration Officer

Pour intégrer des innovations technologiques tout en équilibrant les besoins futurs avec la réalité opérationnelle, l’entreprise a besoin d’un DSI qui joue un rôle de coordinateur. « À la différence d’un Chief Digital Officer, le DSI a des connexions avec tous les métiers », note Sébastien Ropartz, associé en charge de Deloitte Digital, pour qui « le DSI doit adopter une nouvelle posture vis-à-vis de la « C-suite », en affirmant son intention de s’attaquer à la complexité générée par les nouveaux outils et en présentant aux métiers sa feuille de route. »

Mais, pour l’heure, seulement 42 % des DSI pensent que leur organisation n’a pas les compétences et les connaissances nécessaires pour répondre aux exigences d’un écosystème numérique, selon Gartner. De même, seulement 6 % pensent que leur organisation gère de façon efficace les investissements dans les technologies émergentes.

2. L’économie des API, créer de nouveaux modèles économiques

Autrefois challenge technique pour faciliter l’intégration des applications, les API (Application Programing Interface – Interface de programmation) constituent désormais un enjeu métier. Avec 10 000 API publiées dans les 18 derniers mois, leur développement et leur ouverture ne cessent de s’accélérer.

« À l’image des géants du Web (Google, Amazon, Facebook), les entreprises ouvrent leurs plateformes de services à des partenaires externes, afin d’accélérer le développement de nouveaux produits pour les clients. Les API permettent d’imaginer de nouveaux modèles économiques, fondés sur la valorisation des services et des données de l’entreprise en l’ouvrant à un écosystème de partenaires », souligne Éric Delgove, associé responsable des activités Technology chez Deloitte. Les API deviennent des services à valeur ajoutée et doivent avoir leur propre stratégie de commercialisation, de pricing et de distribution.

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Tech Trends 2015, La fusion du business et de l’IT, Deloitte, 60 pages.

3. L’Ambient Computing et le potentiel des objets connectés

Face à la croissance exponentielle du nombre d’objets connectés, qui seront plus de 26 milliards d’ici 2020, beaucoup d’entreprises sont en train d’explorer leurs domaines d’application, mais peu d’entre elles sont en mesure d’en apprécier réellement l’étendue. L’Ambient Computing consiste à libérer le potentiel des objets connectés et à les rendre « intelligents » grâce à la maîtrise de plusieurs disciplines : l’analytics, la sécurité, l’intégration et l’orchestration. Pour libérer ce potentiel, les organisations doivent dépasser le caractère « physique » des objets et aller au-delà du rôle joué par les capteurs et les machines. Ainsi, l’Ambient Computing requiert la mise en œuvre de plusieurs compétences :

  • l’intégration de flux d’information provenant de divers types d’objets avec des technologies, des standards et des constructeurs différents ;
  • l’analyse des données fournies par ces objets et l’alimentation des modèles prédictifs ;
  • l’orchestration des signaux et des objets afin d’exécuter des processus de bout en bout ;
  • la sécurisation et la supervision de l’ensemble de l’environnement des objets, de leur connectivité et de leurs flux.

4. Le « marketing dimensionnel »

La convergence de nouveaux comportements des consommateurs et des technologies, a fait évoluer le marketing de manière significative. En effet, une nouvelle vision du marketing émerge, au travers des investissements réalisés par les CIO et les CMO pour automatiser l’approche multicanal, le développement des contenus, l’analytics et les initiatives commerciales. Cette modernisation du marketing intègre quatre dimensions clés : l’engagement, la connectivité, la donnée et la connaissance du client.

5. L’approche « Software-Defined Everything »

La révolution numérique impose une réduction du time to market. Pour les DSI, cela se traduit par une réduction importante du time to deliver. Il est désormais possible aux entreprises de repenser leurs infrastructures informatiques, pour les rendre plus flexibles et évolutives, tout en optimisant les coûts des data- centers. Selon une étude Deloitte, menée auprès de 50 clients « Fortune », évoluer vers un datacenter de nouvelle génération peut permettre d’en réduire le coût d’environ 20 %.

L’enjeu est d’accentuer la virtualisation et l’automatisation des composants techniques, de réduire la complexité technique en normalisant et en standardisant les solutions, et de mettre en place une couche logicielle permettant d’orchestrer et d’automatiser les opérations sur les infrastructures IT.

6. La « Core Renaissance » pour redonner du souffle au cœur applicatif

Les entreprises ont réalisé d’importants investissements pour le développement de solutions spécifiques, l’achat de progiciels et l’intégration d’applications. Ces actifs, qui constituent le « cœur applicatif » de l’entreprise, pourraient, à terme, devenir le socle du développement de nouveaux services en s’appuyant sur un patrimoine de données normalisées et des processus métier automatisés. La Core Renaissance désigne ce mouvement de dynamisation du cœur applicatif.

7. L’intelligence amplifiée ou l’art d’augmenter es capacités uniques de l’individu

Selon Deloitte, « l’intelligence amplifiée est aujourd’hui une réalité : les entreprises commencent à utiliser le machine learning et la modélisation prédictive pour traiter des données massives, complexes et peu structurées », estime Éric Delgove, pour qui « l’enjeu derrière l’utilisation des machines intelligentes n’est pas de remplacer l’homme, mais de lui apporter la bonne information, au bon format, au bon endroit et au bon moment, pour améliorer ses capacités et rendre plus efficaces ses actions et ses prises de décision. C’est là qu’il est possible de parler d’intelligence « amplifiée ». »

Lorsqu’elle est conçue pour renforcer la connaissance de l’individu et qu’elle est judicieusement déployée, l’intelligence amplifiée permet de décider efficacement, elle ouvre le champ à de nombreuses applications concrètes pour les métiers de l’entreprise et elle éclaire les décisions individuelles, en rendant simples et digestes les données complexes.

8. Les futurs talents de l’IT, apprivoiser la génération « Agyle »

En Europe, l’offre d’emploi dans le secteur du numérique croît d’environ 4 % par an et dépasse la demande. La pénurie des compétences est accentuée par les départs en retraite des ex-baby-boomers, trois personnes sur dix partiront en retraite d’ici 2020. « La capacité d’une entreprise à favoriser l’innovation est le critère numéro un des représentants de la génération Y dans le choix de leur employeur », assurent les auteurs de l’étude Deloitte, « Cette génération est nourrie et motivée par le sens que peut avoir son travail. Elle valorise les relations sociales, tout en étant très fortement individualiste, la compétence et l’esprit d’équipe, plus que la place dans la hiérarchie. »


Le DSI, maître de l’intégration : par où commencer ?

1. Maîtriser le patrimoine IT

  • Dresser un bilan de l’existant par l’analyse du budget, du portefeuille projets, des infrastructures, des applications, des fournisseurs.
  • Mettre à plat la structure du modèle opérationnel.
  • Rencontrer les métiers et identifier leurs enjeux et objectifs.
  • Comparer l’existant avec les enjeux métiers et identifier les domaines dans lesquels la DSI doit évoluer pour pouvoir y répondre.

2. Maintenir le cap

  • S’équiper d’outils et de nouvelles méthodes pour améliorer la gestion des systèmes : gestion des environnements, de la demande et de la traçabilité, continuité de l’intégration et du développement, automatisation des tests, gestion des configurations et des mises en production, supervision des systèmes et de l’activité métier, gestion des incidents et autres.
  • Identifier les dépendances entre la déclinaison opérationnelle de leurs objectifs et la sélection de nouvelles technologies, puis convaincre les métiers que la DSI est bien positionnée pour les accompagner.

3. Systématiser la collaboration

  • Instaurer des points réguliers avec les directions métiers pour éviter l’effet tunnel et assurer l’alignement stratégique IT-métier.
  • Favoriser la collaboration et l’échange d’idées, par exemple en organisant des « hackathons », en proposant des espaces collaboratifs ou en ayant recours au crowdsourcing pour favoriser l’innovation.
  • Se rapprocher des incubateurs, des start-ups et du monde universitaire, non seulement pour avoir des idées, mais aussi pour identifier de potentiels talents.

4. Montrer et démontrer

  • Privilégier les démonstrations interactives plutôt que les longs discours. Les exercices de prototypage et de démonstration permettent d’affiner le besoin au fur et à mesure des étapes et de faire prendre conscience des exigences et des impacts. Le métier peut ainsi se rendre compte par lui-même des limites de ses exigences.