Que faut-il externaliser ? Que faut-il conserver ?

L’existence et la performance des solutions applicatives du marché, une fois connues et reconnues par les décideurs de l’entreprise, posent alors une question cruciale : parmi les solutions actuelles, et parmi les solutions futures déjà identifiées, lesquelles doivent rester ou provenir de l’intérieur, et, lesquelles doivent disparaître ou venir de l’extérieur ?

Pour les applications, tout comme pour les services, le critère de choix des activités à externaliser est clair : l’entreprise doit garder tout ce qui lui conserve un avantage concurrentiel ; tout ce qui relève du savoir-faire, de l’organisationnel et du décisionnel. Devant une question aussi fondamentale que celle-ci, il est critique qu’elle se recentre sur son cœur de métier, son activité primaire, ce pourquoi elle existe ; par rapport à ses activités secondaires, celles qui existent parce qu’elle, l’entreprise, existe.

Durant cette investigation-introspection qui va décider de ce qui est interne, et de ce qui est externe, il est important de prendre en compte le fait que certaines pratiques, ou certains processus sont moins universels que d’autres. C’est le cas, par exemple, dans beaucoup d’entreprises de la gestion de production, par rapport à la gestion commerciale ou à la gestion comptable.

Ce qui est stratégique n’est pas à externaliser. Il faut donc garder à l’intérieur de l’entreprise la maîtrise du pilotage et de l’architecture. De même, il ne faut pas externaliser les projets informatiques liés au savoir-faire de l’entreprise. En revanche, il faut se poser des questions sur les activités qualifiées de « banalisées ». On ne peut pas s’éparpiller. Il faut faire des choix. Exemple : si l’entreprise procède à la réingénierie complète de ses systèmes d’information, il est probable qu’elle aura tendance à externaliser la maintenance des applications existantes. En revanche, elle gardera en interne l’activité opérationnelle.

En règle générale, lorsqu’une solution interne existante fait partie de la stratégie de l’entreprise, ou bien donne encore à cette dernière un avantage concurrentiel, il est fortement recommandé de la conserver, de la faire vivre et d’en garder le contrôle. En d’autres termes, tout ce qui peut différencier l’entreprise de ses concurrentes ne doit pas être externalisé. Ceci est la définition de ce que nous pourrions appeler un élément différenciateur.

En effet, l’acquisition sur le marché extérieur d’une solution moins performante réduirait la compétitivité de l’entreprise, fragiliserait l’une de ses directions stratégiques ou appliquerait sur celle-ci un nivellement par le bas.

Cette analyse comparative des performances entre solutions internes et solutions externes demande impérativement à être renouvelée périodiquement, environ tous les deux ans. Car, un jour ou l’autre, inéluctablement, la solution externe deviendra à son tour plus performante que la solution interne existant aujourd’hui.

Et il faudra procéder alors à son remplacement. Cette écoute permanente du marché applicatif est un parallèle de ce que nous connaissons déjà avec la veille technologique. Nous venons de définir le concept de veille applicative. Citons ici les principaux avantages, les principales raisons, à conserver et à actualiser une solution interne :

  • avantage concurrentiel ;
  • cohérence de stratégie ;
  • intégration avec les solutions existantes ;
  • inexistence de solution équivalente sur le marché ;
  • absence de besoins nouveaux ou de requêtes nouvelles.

Quant aux solutions applicatives qui existent aujourd’hui dans l’entreprise, et qui ne donnent pas (ou ne donnent plus) cet avantage concurrentiel, tel que défini ci-dessus, il n’y a aucune hésitation à avoir : il faut les externaliser, autrement dit acquérir ces solutions sur le marché et démarrer leur implantation. Si elles ne fournissent pas systématiquement des avantages concurrentiels, ces solutions réalignent néanmoins l’entreprise avec la compétition.

Et dans le même temps, les utilisateurs gagneront de nouvelles fonctionnalités. Ce phénomène a démarré dès le milieu des années 1990 où plus d’une entreprise sur deux en Europe commençait à externaliser déjà ses activités informatiques avec deux priorités invariables : développement d’applications, et logistique/maintenance micro-informatiqe.

Plusieurs raisons plaident pour l’acquisition d’une solution applicative externe :

  • mise à niveau fonctionnel avec l’état de l’art du marché ;
  • ouverture sur les standards technologiques du marché ;
  • recentrage des ressources informatiques internes sur les domaines critiques ;
  • évolution rapide vers de nouvelles fonctionnalités ;
  • flexibilité de gestion des coûts informatiques ;
  • réduction des coûts de développement ;
  • réduction/suppression du cycle de développement ;
  • augmentation de la qualité ;
  • mise en concurrence des fournisseurs informatiques internes et externes.

Lorsque la solution externe a l’envergure d’un ERP, c’est-à-dire lorsque l’entreprise décide de remplacer l’ensemble (ou une partie) de ses solutions existantes, cela ne manque pas de poser des problèmes importants.

Néanmoins, il convient de se demander si toutes les entreprises sont ainsi « ERPable », autrement dit, si elles peuvent toutes trouver sur le marché un ERP convenant à leurs attentes. La réponse sera négative dans les cas suivants :

  • le management ou l’entreprise ne sont pas prêts à supporter la démarche ;
  • le but est de répondre à un besoin spécifique, partiel à court terme ou urgent ;
  • les départements, divisions, sites sont trop indépendants ou trop puissants ;
  • aucun des ERP actuels du marché ne correspond au métier de l’entreprise ;
  • la spécialisation de l’entreprise se satisfait des solutions actuelles.

Cet article a été rédigé par Jean-Louis Tomas.