Serveurs : comment expliquer les différences de TCO ?

Pourquoi le coût de revient annuel moyen d’un serveur varie-t-il du simple au double selon les entreprises ? Tout est une question d’organisation et d’outillage…

Selon une enquête menée auprès des mille premières entreprises américaines en 2010, le TCO (Total Cost of Ownership, littéralement « coût total de possession », coût de revient total) moyen d’un serveur serait de 7 800 euros par an, avec des écarts relativement significatifs : entre 5 600 euros par an pour le premier quartile, et 11 400 euros pour le quatrième quartile.

Ces chiffres, révélés par Laurent Gatignol, expert en stratégie informatique chez Accenture, qui est intervenu le 19 octobre 2011 lors d’une conférence organisée par l’EOA (European Outsourcing Association), traduisent en réalité des profondes divergences dans les pratiques, au-delà des différences sectorielles qui, pour Laurent Gatignol, ne sont guère significatives : « Dans un même secteur industriel, on trouve en effet des entreprises qui affichent des niveaux de TCO parmi les plus bas et d’autres qui sont très élevés. »

Ces différences s’expliquent principalement (voir tableau ci-dessous) par des différences dans le niveau de virtualisation des serveurs, par la productivité des équipes, par l’industrialisation/automatisation de la gestion des incidents, le niveau d’outillage et le mode d’organisation des services. « Pour les datacenters, les attentes des entreprises se focalisent sur la qualité de service, l’industrialisation des processus, et des environnements suffisamment outillés et virtualisés », note Laurent Gatignol, qui met en exergue le fait que les vrais enjeux portent sur les services : « Il faut des coûts réduits, davantage d’agilité, de flexibilité, de prédictabilité et d’engagements mesurables. » De telles exigences créent le besoin de nouveaux modèles de sourcing.

On trouve ainsi de moins en moins de prestations sur site en régie, de « contrats chapeaux » qui génèrent des cascades de marges pour les prestataires, de contrats longs et au forfait, de méga-contrats et de clauses d’irréversibilité. À l’inverse, note Laurent Gatignol, « on trouve de plus en plus de pilotage à distance, d’efforts de décomposition de la chaîne de valeur, de contrats courts à unités d’œuvre, de prestations à la demande adaptés à des volumes volatils et facilement réversibles ». Tout cela devrait, en principe, contribuer, à terme, à réduire les écarts de TCO entre les entreprises…

TCO et coûts cachés

Le TCO, malgré ses avantages, doit être appréhendé avec quelques précautions, notamment pour ne pas en détourner la finalité, pour veiller à la pertinence des indicateurs, pour relativiser le discours des fournisseurs ou tenir compte des coûts. La problématique du TCO sera abordée dans notre prochain numéro, dans la rubrique « Best Practices revues et corrigées ».

 Indicateurs  Premier quartile
TCO annuel moyen de 5 600 €
Quatrième quartile
TCO annuel moyen de 11 400 € 
 Niveau de virtualisation  50 à 70 %  15 à 30 %
 Productivité  1 équivalent temps plein pour 25 serveurs  1 équivalent temps plein pour 15 serveurs
% d’incidents résolus sur script (niveau 1) 45 à 65 %  25 à 35 %
 Nombre d’incidents nécessaires pour générer un problème  30 à 50  10 à 20
 Engagements de services Formalisés
(disponibilité + temps de résolution)
 Non formalisés
(disponibilité)
Outillage  Intégré  Disparate
 Services (N1-N2)  Gérés à distance  Gérés sur site
 Organisation des services  Mutualisée  Fragmentée… ou centralisée
Source : EOA, Accenture.