Transformation digitale : moins de mythes, plus de méthode

La transformation digitale est associée à plusieurs mythes qui, par définition, sont de fausses idées. Il faut les connaître et, surtout, maîtriser la manière dont se diffuse la transformation dans une organisation.

Pour David Smith, vice-président de Gartner, les mythes sont des faux-amis : « Ils ralentissent l’action, nous distraient, entravent l’innovation, font peur, déçoivent et donnent de faux espoirs. » Hélas, il en existe beaucoup et ils demeurent encore très répandus.

Les consultants de Gartner ont recensé dix principaux mythes (voir encadré) et le MIT en a identifié cinq (1) :
1. Toutes les entreprises doivent engager leur transformation numérique : non, cela ne concerne pas nécessairement tous les processus et tous les business models.
2. La transformation numérique repose sur des technologies émergentes ou disruptives. Non, les technologies matures sont souvent aussi efficaces.
3. Les entreprises les plus profitables ont plus de chances de réussir leur transformation numérique. Non, c’est avant tout une question de méthode.
4. Une entreprise doit se « disrupter » avant que les concurrents ne le fassent. Non, pas forcément.
5. Les dirigeants sont très demandeurs de transformation numérique. Non, les dirigeants visionnaires et volontaires sont en réalité une minorité.

  • Au-delà des mythes de la transformation digitale, il faut assimiler la manière dont se diffuse la transformation. Pour les experts du MIT (2), on considère généralement qu’un processus de transformation digitale se décompose en six phases :
  • Le management « vend » la transformation aux salariés.
  • Les salariés décident s’ils utiliseront les nouvelles technologies.
  • Les salariés décident comment ils vont utiliser les nouvelles technologies.
  • De nouvelles données changent les comportements.
  • La performance s’améliore localement.
  • La performance locale s’aligne avec les objectifs de l’entreprise.

L’auteur de l’étude du MIT, Paul Leonardi, professeur à l’université de Californie, conseille, pour réussir la transformation digitale, de prendre le processus à l’envers : on commence par identifier les activités locales qui ont le plus fort potentiel pour transformer l’entreprise. Ensuite, on s’intéresse aux flux d’informations et aux comportements dans l’organisation. Enfin, on s’appuie sur les utilisateurs clés pour favoriser l’appropriation. L’auteur met en exergue trois mythes. D’abord, celui qui pose que l’implémentation de technologies a un impact direct et immédiat sur la performance alors que, au mieux, les effets sont indirects. Ensuite, l’idée selon laquelle la technologie est le job de la DSI, alors que, selon l’auteur, c’est le travail du management. Enfin, le principe selon lequel la plupart des transformations digitales échouent parce que les technologies ne fonctionnent pas. En réalité, c’est parce que les utilisateurs en se sont pas approprié les technologies. •


(1) « Five myths about digital transformation », SloanReview, MIT. Lien : https://sloanreview.mit.edu/article/five-myths-about-digital-transformation/
(2) « You’re going digital, now what ? », The nuts and bolts of digital transformation, MITPaul Leonardi, MIT Sloan Management Review special report. Lien : https://sloanreview.mit.edu/offers-winter-2020-digital-transformation-report/


Les dix mythes de la disruption selon Gartner

  1. La disruption a des effets négatifs : non, elle a toujours des effets positifs pour certains.
  2. C’est un buzz word : non, c’est une réalité qu’il faut regarder en face.
  3. Tout changement est disruptif : non, il existe des changements très lents.
  4. La disruption est seulement une affaire de technologie : non, elle concerne surtout les usages et la Société entière.
  5. La disruption concerne seulement les grandes entreprises numériques : non, même si elles sont les premières à initier le mouvement.
  6. La disruption apparaît seulement sur les marchés grand public : non, et si c’est le cas, elle se diffuse en B2B.
  7. Les disruptions les plus médiatisées sont les plus disruptives : non, la médiatisation décline avec le temps, mais pas les effets de la disruption.
  8. L’innovation, la disruption et la transformation sont trois termes qui désignent la même chose : non, elles n’ont pas les mêmes causes ni les mêmes effets.
  9. La disruption, c’est le problème de quelqu’un d’autre : non, elle affecte tout le monde.
  10. La disruption n’arrive qu’aux autres. Non et même les disrupteurs peuvent être « disruptés ».

Source : The top myths about digital disruption, Gartner, David Smith, 2019. Lien : www.gartner.com/en/webinars/3894566/the-top-myths-about-digital-disruption