Un monde sans ordinateurs

« Quand il n’y avait pas d’ordinateurs, comment faisaient-ils, les géomètres, les comptables, les astronomes, les économistes et tous ceux dont la profession passait d’une manière ou d’une autre par la manipulation de nombreux chiffres ? », s’interrogent Luc de Brabandère (vice-président du Boston Consulting Group en charge du développement de la créativité) et Christophe Ribesse (ingénieur mécanicien), dans ce petit ouvrage sur les mathématiques. Il est vrai que l’informatique n’a guère que soixante-dix ans alors que, de Pythagore à Einstein, « vingt-cinq siècles d’hommes de science ont donc

Certes, il n’y avait pas d’informatique, mais ils n’étaient pas pour autant sans outils : abaques, bouliers, compas, règles à calcul « et autres moulinettes à roues dentées ».

Hélas, à mesure que l’informatique a éradiqué les tables de multiplication, elle a induit quelques effets pervers : « Une utilisation laxiste de l’ordinateur risque d’abord d’engendrer une génération d’illettrés des mathématiques, de gens incapables d’un jugement critique par rapport aux chiffres qu’ils manipulent et au fonctionnement des machines qu’ils utilisent », avancent les auteurs.

Résultat : beaucoup perdent le sens des proportions, en confondant par exemple les millions et les milliards, ou en ne sachant plus si le giga est plus grand ou plus petit que le méga. Bref, rappellent les auteurs, « la machine a un fonctionnement étroit, son utilisateur dispose d’un esprit de finesse, la machine a un fonctionnement carré, son utilisateur dispose d’un esprit de géométrie ».

Cet ouvrage aborde les grands concepts mathématiques et clarifie les concepts. C’est d’ailleurs un domaine scientifique où, contrairement aux apparences, la créativité peut avoir sa place : « La créativité en mathématiques consiste à essayer de changer de méthode plutôt que de changer de machine. » Un principe qui s’applique aussi aux systèmes d’information…

Petite Philosophie des mathématiques vagabondes, par Luc de Brabandère et Christophe Ribesse, Eyrolles, 150 pages.